L’impact des politiques de développement sur l’adaptation pastorale : le cas du delta du fleuve Sénégal
Auteur / Autrice : | Julien Meunier |
Direction : | Nathalie Blanc, Denis Chartier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie. Géographie du développement |
Date : | Soutenance le 03/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (Nanterre ; 1997-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Louis Yengué |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Moreau | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Gautier, Bénédicte Thibaud |
Mots clés
Résumé
Cette thèse vise à interroger la manière avec laquelle les politiques de développement, principalement agricoles, impactent l’adaptation au changement climatique des éleveurs dans le delta du fleuve Sénégal. La première partie engage une réflexion sur la conception de l’adaptation au changement climatique au regard de la globalisation institutionnelle de la notion. À partir d’une analyse critique de différentes définitions de l’adaptation, nous avons montré en quoi il est important de tenir compte de la dimension politique de l’adaptation, car celle-ci ne doit pas être analysée uniquement par rapport à des facteurs climatiques. Ces éléments nous ont conduit à discuter de différents concepts, tels que le développement et le politique, ainsi que de la pertinence de certains outils pour notre étude (la géohistoire, l’analyse des discours et des verrouillages). Dans une seconde partie, nous avons mis en exergue la singularité du pastoralisme dans l’espace sahélien. Outre les différentes formes existantes, l’aspect le plus important est que le pastoralisme au Sahel a démontré une capacité d’adaptation à de fortes variations climatiques. Ceci lui permet d’avoir une capacité de réponse aux conséquences attendues du changement climatique. Par ailleurs, nous avons montré les faiblesses des politiques d’élevage et d’adaptation au Sénégal. Cela a fait davantage ressortir le besoin d’appréhender les conséquences des politiques publiques ayant un impact en termes de gestion des ressources. Nous avons ainsi montré qu’il existe une trajectoire politique impulsée par les colons français qui a conduit à des modifications environnementales significatives impactant la capacité d’adaptation des éleveurs. Aussi, le regard que nous avons porté sur certaines politiques actuelles ayant un impact sur les ressources pastorales, a montré qu’elles ne sont pas toujours garantes de la protection de ces ressources. De plus, elles engendrent parfois des entraves à la mobilité pastorale, la base de la stratégie d’adaptation des éleveurs en zone sahélienne. Dans une troisième partie, l’analyse discursive a permis de mettre en lumière l’imposition d’un discours, en quelque sorte autoréalisateur, sur les agrobusiness et la croissance inclusive, ainsi que sur le foncier comme levier de l’implantation de ces agrobusiness. Nous avons également identifié la présence d’un discours sur l’environnement qui n’oriente pas de manière significative les programmes analysés. Toutefois, il est utilisé comme une justification par les institutions soutenant les politiques visant à accroitre les activités dites productives. De plus, l’étude de la diffusion de ces discours a permis d’illustrer des interactions entre divers acteurs (notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’État sénégalais), et des rapports de pouvoir qui influencent et cadrent la conception de la relation à l’environnement, ainsi que les acteurs qui en sont les gagnants. Ces gagnants sont les agrobusiness, les « héros » d’un discours enchanteur, dans lequel elles permettent une redistribution des richesses. Pour finir, l’étude du chemin de dépendance a mis en évidence un verrouillage de la trajectoire agricole du delta au profit d’une agriculture irriguée vectrice de croissance, donc ancrée dans l’épistémè occidentale de la conception de la trajectoire des sociétés. Or, cela implique, au-delà d’une limitation de la capacité d’adaptation pastorale, une exclusion du pastoralisme tel qu’il est, et une remise en question de sa capacité d’adaptation au changement climatique.