Migration cellulaire par forçage d’hétérogénéité
Auteur / Autrice : | Mélina Durande |
Direction : | François Graner, Hélène Delanoë-Ayari |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique |
Date : | Soutenance le 28/08/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Matière & Systèmes Complexes (Paris ; 2001-....) - Institut Lumière Matière |
Jury : | Président / Présidente : René-Marc Mege |
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Clément | |
Rapporteur / Rapporteuse : Gladys Massiera, Albrecht Ott |
Mots clés
Résumé
La migration cellulaire est essentielle dans divers processus biologiques tels que l’embryogenèse, la cicatrisation ou les invasions métastatiques. L’objectif de cette thèse était d’identifier et d’extraire les paramètres utiles à l’établissement de modèles physiques ainsi qu’à la compréhension biologique de la migration collective. Pour cela,nous étudions la migration cellulaire autour d’un obstacle. Cela induit des hétérogénéités qui sont discriminantes pour l’établissement de modèles. Nous voulions mesurer dans cette géométrie les champs de vitesses, de déformations et de forces exercées par les cellules sur le substrat.La géométrie initiale du motif protéique sur lequel nos cellules sont déposées est celle d’une bande avec un obstacle sur laquelle des cellules sont confinées par un bloc qui,une fois retiré, permet au tissu d’envahir l’espace libre. La première partie de cette thèse étudie cette configuration, d’un point de vue cinématique et protéique. On retient en particulier l’obtention de courbes maîtresses en vitesse et déformation, la corrélation entre vitesse et densité, et l’enrichissement de la vimentine en bord de motif confiné et en front de migration. Un ensemble de relations entre niveaux d’actine, de vimentine, densité, déformation, et vitesse est également trouvé. Enfin, on montre que la direction de la polarisation définie par le vecteur centre de masse du noyau à centre de masse de la cellule est en moyenne orthogonale à la direction de la vitesse.La géométrie en bande à l’avantage de forcer l’écoulement et d’être très contrôlée mais a le désavantage de nécessiter la pose d’un bloc qui n’est pas possible sur un substrat de faible rigidité pour l’étude des forces. Pour contourner ce problème nous avons fermé les conditions aux limites et travaillé sur une géométrie en hippodrome qui possède deux obstacles aux milieux de chacun des bras. Nous avons parié sur la génération spontanée d’un écoulement à grande échelle, ce qui s’est révélé exact. La troisième partie des résultats étudie les hippodromes sur un substrat dur (en opposition au substrat mou pour les forces). On retient la possibilité de générer un flot de longue portée et la présence de vimentine en bord de motif. On retient également que la relation vitesse densité n’est plus valable dans cette géométrie, ce qui atteste que lors qu’elle existe, elle est en fait une conséquence de la dynamique d’étalement du tissu et non de la dynamique de migration en tant que tel. On trouve également une relation entre actine et vimentine qui met en évidence trois états cellulaires possibles. Le premier correspond aux cellules très déformées et riches en vimentine, le second aux cellules très denses et riches en actine, le troisième aux états intermédiaires de déformation et densité où les cellules bougent et où actine et vimentine varient ensemble.La dernière partie de cette thèse consiste à étudier les forces (substrat mou) par microscopie de force de traction. Ces expériences confirment qu’une monocouche en migration est contractile et nous montrons qu’il est équivalent de mesurer le déplacement des billes dans le substrat ou le déplacement des cellules à petite échelle sur des images de phase. En d’autre terme, la vitesse instantanée (celle utilisée par les théoriciens mais non mesurable expérimentalement) est égale à la dérivée des positions des billes. Nous concluons qu’il y a continuité du déplacement entre le substrat et la cellule.À partir d’un objectif initial qui était d’étudier la migration autour d’un obstacle, le développement d’un système à grande échelle sur des hippodromes permet de mieux comprendre les ingrédients sous-jacents de la migration, tout en développant le cadre expérimental qui permet de faire des comparaisons quantitatives entre systèmes.