La qualité de vie dans le trouble lié au jeu d'argent et de hasard
Auteur / Autrice : | Nicolas Bonfils |
Direction : | Frédéric Limosin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 17/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris (2008-....) |
Jury : | Président / Présidente : Georges Brousse |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Brousse, Franck Schürhoff, Amandine Luquiens | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Georges Brousse, Franck Schürhoff |
Résumé
Contexte. Le trouble lié au jeu d’argent et de hasard est défini par une pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu d’argent conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative. Les critères de jugement permettant d’évaluer une prise en charge dans ce domaine sont mal définis, probablement dû à l’absence de définition consensuelle de la rémission. De plus, ce trouble évolue différemment d'un sujet à l'autre et au cours du temps. Un consensus d’expert (Banff consensus) soutient la pertinence de l'évaluation de la qualité de vie dans le trouble lié au jeu, en complément de la réduction des comportements de jeu et des problèmes causés par le jeu. En outre, la qualité de vie permettrait de revisiter le concept de rémission pour une meilleure prise en compte du point de vue du patient et de développer ainsi des soins centrés sur le patient. Nous nous attacherons à évaluer les instruments de mesure de qualité de vie utilisés dans ce domaine avant de développer, dans un second temps, une échelle de qualité de vie spécifique au trouble lié au jeu d’argent et de hasard et centré sur le patient. Methodes. Nous avons mené une revue systématique de la littérature et une méta analyse afin d’identifier les instruments de mesure de qualité de vie utilisés dans les études sur le trouble lié au jeu d’argent et de hasard. Les instruments utilisés n’étaient pas correctement validés dans ce domaine et pourraient ne pas évaluer des domaines spécifiques de la qualité de vie affectés par le trouble lié au jeu d’argent et de hasard. Ainsi, conformément aux recommandations de la Food and Drug Administration (FDA) sur le développement des « Patients-Reported Outcomes », une échelle spécifique au trouble lié au jeu d’argent et de hasard a été développée à partir du vécu rapporté par les patients. Nous avons utilisé la méthode des focus groupes en France auprès de 25 joueurs problématiques ou en rémissions afin d'identifier les principaux domaines de la qualité de vie touchés par le jeu problématique. Une analyse du contenu des données des focus groupes a permis d’identifier sept domaines clés d'impact du jeu problématique et de générer 50 items. Ce travail a permis l’élaboration de l’échelle Gambling Quality of Life Scale (GQoLS). Nous avons ensuite validé l’échelle GQoLS sur un échantillon de 98 patients français présentant un trouble lié au jeu d’argent et de hasard. Résultats. L’échelle finale comporte 21 items, répartis selon 5 dimensions : ''émotion'', ''environnement'', ''solitude'', ''stigmatisation'' et ''préoccupation pour le jeu''. Deux domaines étaient inexplorés jusqu’à présent : ''solitude'' et ''préoccupation pour le jeu''. Les analyses psychométriques ont permis d'identifier une dimension principale substantielle indiquant ainsi la pertinence d'un score total de GQoLS. L’échelle a montré de bonnes propriétés psychométriques, avec une bonne consistance interne (Cronbach = 0.92), et une corrélation modérée à forte avec le score de sévérité du trouble (mesurée par le Problem Gambling Severity Index). Conclusion. L’utilisation de la qualité de vie comme critère de jugement principal et sa mesure par une échelle spécifique au trouble lié au jeu d’argent et développée à partir du vécu des patients permettrait une prise en charge centrée sur le patient et une prise en charge plus globale allant au-delà des critères comportementaux.