Modèles murins de pathologies cochléo-vestibulaires : une approche fonctionnelle du système vestibulaire
Auteur / Autrice : | François Simon |
Direction : | Mathieu Beraneck, Françoise Denoyelle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 02/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Neurosciences intégratives et cognition (Paris ; 2019-....) |
Jury : | Président / Présidente : Natacha Crozat-Teissier |
Examinateurs / Examinatrices : Natacha Crozat-Teissier, Cécile Parietti-Winkler, Christophe Lopez, Said Safieddine | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Cécile Parietti-Winkler, Christophe Lopez |
Mots clés
Résumé
Les déficits vestibulaires chez l’enfant sont retrouvés dans environ un tiers des consultations pour troubles de l’équilibre et dans la moitié des consultations pré-implant cochléaire. Les complications peuvent être importantes avec des troubles de l’équilibre, un retard à l’acquisition de la verticalité, un déficit de la stabilisation du regard, de l’orientation spatiale et de la construction du soi. Les modèles murins peuvent aider à mieux comprendre la physiologie vestibulaire, à identifier les acteurs moléculaires ou cellulaires de la physiopathologie vestibulaires, et aider à mettre en place des thérapeutiques innovantes telles que la thérapie génique. L’exploration fonctionnelle chez la souris permet grâce à la vidéonystagmographie, d’explorer différents réflexes vestibulo-oculaires canalaires et otolithiques. Nous avons dans ce travail exploré différents modèles murins, soit des modèles mutants (inactivation des gènes de la clarine, snap-25 ou celsr1), soit des souris normales en induisant une lésion vestibulaire chirurgicale ou chimique par kaïnate (TTK) ou 3-3’-iminodipropanenitrile (IDPN). Les mutations du gène CLARINE-1 sont responsables du syndrome cochléo-vestibulaire de Usher type III. Des modèles murins avec invalidation des gènes clarine-1 et/ou clarine-2 ont été développés pour comprendre le rôle de ces molécules. Nous avons montré que la clarine-1 semble indispensable au bon fonctionnement vestibulaire (dysfonction en son absence malgré une présence de clarine-2), à l’inverse de la clarine-2. La molécule SNAP-25 est une protéine impliquée dans le mécanisme d’exocytose synaptique des cellules ciliées. L’exploration fonctionnelle des souris snap-25-KO sans thérapie génique a montré des déficits canalaire et otolithique complets. La fonction vestibulaire était entièrement restaurée après thérapie génique, ce qui semble montrer le caractère essentiel de la protéine snap25 dans le fonctionnement de la cellule ciliée vestibulaire mature. Enfin, la molécule CELSR1 est une protéine qui participe à la polarité cellulaire planaire et le modèle de souris celsr1-KO présente une désorganisation de la polarité des cellules ciliées vestibulaires chez la souris, surtout au niveau de la cupule. L’étude fonctionnelle a montré chez les souris mutantes une hypo-fonction canalaire d’environ 50% surtout sur les basses fréquences et otolithique d’environ 70%. La polarité ciliaire semble critique pour le bon fonctionnement otolithique, ainsi que le recrutement d’un nombre suffisant de cellules ciliées avec des informations concordantes pour les mouvements rotatoires, surtout lents. Le modèle de lésion vestibulaire le plus ancien pour étudier la compensation vestibulaire chez le rongeur est chirurgical. Une labyrinthectomie unilatérale (UL) est plus simple à réaliser avec moins de comorbidités qu’une neurectomie unilatérale du VIII (UVN), même si cette dernière technique est utile si une destruction du premier neurone vestibulaire est recherchée. La fonction vestibulaire résiduelle et la récupération fonctionnelle sont cependant comparables pendant le 1er mois de compensation. Un autre modèle de lésion chimique a été développé par injection trans-tympanique de TTK, qui permet de déclencher une désafférentation des cellules ciliées, avec un déficit fonctionnel transitoire et partiel par rapport à la neurectomie. Enfin une lésion chimique par injection péritonéale d’IDPN permet de détruire préférentiellement les cellules de type I. L’analyse fonctionnelle a montré une relation dose-dépendante, avec un déficit canalaire surtout sur les fréquences rapides et un déficit otolithique peu prononcé lors d’inclinaisons statiques de la tête. L’exploration des troubles fonctionnels vestibulaires de modèles murins de pathologies cochléo-vestibulaires est une étape décisive pour permettre d’une part une meilleure compréhension de la physiopathologie et d’autre part le développement de thérapies ciblées comme la thérapie génique.