Le sommeil du sportif de haut niveau : du stress de l’exercice à l’optimisation des stratégies de récupération
Auteur / Autrice : | Anis Aloulou |
Direction : | Claire Thomas-Junius |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du sport |
Date : | Soutenance le 14/09/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Sport, Expertise et Performance (Paris ; 2015-....) |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Bosquet |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Bosquet, Guillaume Millet, Nicola Angelo Maffiuletti, Shona Halson, Mathieu Nédélec | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Millet, Nicola Angelo Maffiuletti |
Mots clés
Résumé
Le sommeil est considéré comme l’une des stratégies de récupération les plus importantes pour le sportif de haut niveau. Plusieurs fonctions physiologiques impliquées dans la récupération post-exercice sont perturbées à la suite d’une restriction et/ou privation de sommeil. L’objectif de la première partie de ce travail de thèse était de décrire le sommeil des sportifs, et de comprendre l’influence de certains facteurs de stress spécifiques au sport de haut niveau sur le sommeil. Dans la première étude, nous avons observé que les jeunes sportifs impliqués dans un double projet, i.e. académique et sportif, dormaient en moyenne environ 7 heures par nuit lors d’une période d’entraînement. Cette quantité de sommeil est bien en dessous des 9-10 heures recommandées par la National Sleep Foundation pour leur catégorie d’âge (12-21 ans). Les questionnaires subjectifs ont également révélé une mauvaise qualité de sommeil perçue pour un grand nombre de sportifs. De plus, cette étude a rapporté un sommeil, évalué par actimétrie, particulièrement perturbé pour les nageurs comparativement aux sportifs issus des autres disciplines. Parallèlement, ce groupe de nageurs présentait une charge d’entraînement interne et des niveaux de douleurs musculaires et de fatigue générale perçus plus élevés que ceux des autres disciplines. Indépendamment de la discipline, l’augmentation de la charge interne était accompagnée d’une avance de phase, une réduction du temps total de sommeil et de sa qualité perçue, et une augmentation de la fragmentation de sommeil. Ces résultats confirment donc un lien entre l’augmentation de la charge de l’entraînement et la dégradation du sommeil du sportif de haut niveau. La deuxième étude de cette thèse a montré que l’architecture du sommeil était négativement impactée suite à la réalisation d’un exercice à haute intensité en soirée pour des coureurs à pied bien entraînés. Ces perturbations étaient plus marquées en début de nuit (180 premières minutes) à travers une diminution de la proportion de sommeil paradoxal et une augmentation de la proportion de sommeil lent léger et des éveils intrasommeil. La première partie de la nuit était également marquée par une température centrale et une fréquence cardiaque plus élevées en comparaison à une condition de repos, sans exercice. Ces résultats suggèrent que la réalisation d’un exercice intense tardivement (i.e. 21h00) impacterait négativement l’architecture du sommeil, et que la thermorégulation et la régulation autonome seraient impliquées dans cette perturbation. L’objectif de la deuxième partie de cette thèse était ensuite d’évaluer l’efficacité de deux stratégies visant à améliorer la qualité du sommeil en s’appuyant sur la relation entre le sommeil, la thermorégulation et la régulation autonome. Les interventions proposées dans la troisième étude avaient donc comme but d’optimiser les échanges thermiques au cours de la nuit et/ou d’activer plus rapidement le système nerveux parasympathique afin d’améliorer la qualité de sommeil à l’issue d’un match de rugby. La cryothérapie corps entier - stratégie d’exposition thermique aiguë avant le coucher - et une literie à haute conductivité thermique - stratégie d’optimisation des échanges thermiques continue au cours de la nuit - ont été évaluées. Les résultats de cette étude ont montré une réduction de la durée des éveils intrasommeil et une augmentation de la proportion de sommeil paradoxal avec la literie comparativement à la condition contrôle, i.e. sans intervention après le match. Il serait donc opportun de mener de futurs travaux évaluant l’effet chronique de cette stratégie sur le sommeil et la récupération pendant une phase de préparation.