Suivi longitudinal cognitif de patients traités par radiothérapie avec chimiothérapie concomitante et adjuvante pour un gliome de haut grade
Auteur / Autrice : | Monica Ribeiro |
Direction : | Jean-Damien Ricard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives |
Date : | Soutenance le 18/12/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Borelli (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2020-...) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Maingon |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Maingon, Guillaume Herbet, Gilles Lafargue, Martine Roussel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Guillaume Herbet, Gilles Lafargue |
Mots clés
Résumé
Les gliomes de haut grade entraînent une atteinte cognitive fréquente et précoce, dont l’étiologie est attribuée à la croissance tumorale et aux traitements. La radiothérapie demeure une modalité thérapeutique essentielle dans la prise en charge de patients porteurs de gliomes de haut grade, néanmoins elle a été associée à une toxicité tardive sur le système nerveux central. Cette toxicité serait à l’origine d’un déclin cognitif progressif, par atteinte des fonctions exécutives et de la vitesse de traitement de l’information en lien à des anomalies de la substance blanche cérébrale, appelée leucopathie post-radique. Des évaluations neuropsychologiques sont essentielles pour la détection précoce des perturbations du fonctionnement cognitif chez ces patients, qui peuvent bénéficier d’une remédiation cognitive adaptée. Ce travail de thèse explore trois thématiques relatives au déclin cognitif de patients atteints de gliomes de haut grade au cours de leur prise en charge. Dans un premier temps, nous avons analysé les données de la littérature sur l’implication de différents faisceaux de substance blanche dans les fonctions exécutives à partir des études utilisant des paramètres dérivés de l’imagerie en tenseur de diffusion ou issues de la stimulation électrique directe au cours de chirurgies éveillées. Il en ressort une implication fréquente du faisceau longitudinal supérieur, du cingulum, du corps calleux, des connexions fronto-thalamiques et fronto-striatales dans la majorité de tâches exécutives. L’amélioration des connaissances sur le rôle fonctionnel de faisceaux spécifiques pourrait contribuer au développement de techniques de radiothérapie visant à épargner des structures cérébrales impliquées dans le fonctionnement cognitif. Nous avons ensuite évalué la précision diagnostique du Montreal Cognitive Assessment (MoCA) pour le dépistage de troubles cognitifs chez 156 patients, inclus dans la cohorte EpiBrainRad, au cours de la première année de leur de prise en charge pour un gliome de haut grade. Nos résultats indiquent que les patients, avant même de recevoir une irradiation, présentent une atteinte prédominante des fonctions exécutives et mnésiques. Dans notre cohorte, le MoCA n’est pas assez sensible pour détecter ces anomalies. Nous avons aussi évalué les fonctions cognitives de 229 patients atteints de gliomes de haut grade suivis dans le cadre du projet EpiBrainRad, avant le traitement par radio-chimiothérapie concomitante et 12 mois après la fin de l’irradiation chez 78 survivants. Comparés à 1000 sujets sains, les résultats cognitifs des patients sont significativement plus bas aux deux phases du suivi cognitif. A 12 mois de la radio-chimiothérapie concomitante, la majorité des patients stables sur le plan tumoral est stable sur le plan cognitif à l’exception d’environ 4% d’entre eux, qui présentent un ralentissement cognitif marqué en plus des troubles initiaux. L’IRM cérébrale de ces patients montre des anomalies de la substance blanche compatibles avec une leucopathie post-radique. Nous mettons en évidence l’influence des performances cognitives initiales, du volume tumoral initial, de l’âge ainsi que de la prise de corticoïdes lors de la radiothérapie sur le risque de déclin cognitif à un an de la fin de la radio-chimiothérapie concomitante. Notre étude prospective constitue la plus grosse cohorte de patients atteints d’un gliome de haut grade et traités par la radio-chimiothérapie concomitante, évalués à l’aide d’une batterie neuropsychologique. Elle permet d’accéder à l’incidence de la leucopathie post-radique ainsi qu’à une meilleure connaissance des tableaux cliniques entre l’atteinte liée à la tumeur et celle, retardée, associée aux traitements.