Thèse soutenue

Un sari rouge en héritage : stratégies d'alliance des femmes tamoules en France

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Auteur / Autrice : Mélanie Vijayaratnam
Direction : Marie Rose Moro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 09/12/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse. (Paris ; 2006--..)
Jury : Président / Présidente : Yoram Mouchenik
Examinateurs / Examinatrices : Yoram Mouchenik, Malika Bennabi, Olivier Taïeb, Malika Mansouri, Mathilde Laroche Joubert
Rapporteurs / Rapporteuses : Malika Bennabi, Olivier Taïeb

Résumé

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En France ces dernières années, nous assistons à une importante métamorphose des systèmes d'alliance : le mariage n'est plus une étape obligatoire pour vivre ensemble et les variantes sont nombreuses. Dans la communauté tamoule en revanche, l'alliance constitue aujourd'hui encore un rituel de passage incontournable qui relève de stratégies familiales et collectives. Les chercheurs ont montré que les enfants de migrants appartiennent à un groupe à risque : ils circulent entre plusieurs mondes d'appartenances et sont contraints parfois de vivre avec le clivage entre la filiation et les affiliations. Après la petite enfance, l'entrée dans les apprentissages et l'adolescence qui représentent des moments de vulnérabilité chez l'enfant de la diversité, l'âge adulte est souvent perçu comme un temps en creux et rares sont les études qui le prennent pour objet. Le mariage quant à lui fait souvent l'objet d'études sociologiques ou anthropologiques. Pourtant dans la clinique transculturelle, l'alliance occupe une place centrale dans les récits des patients. Ce travail s'intéresse à la construction matrimoniale des enfants de migrants et retrace les différentes étapes qui ont permis d'explorer les stratégies d'alliance des femmes tamoules nées en France (en population générale). Le premier article, à travers l'étude de cas de Renuka, pose la problématique de notre recherche : les femmes tamoules nées en France sont confrontées à des choix difficiles et complexes à l'âge adulte, lorsqu'il est question d'investir un conjoint. De là, découle un deuxième article qui est une analyse sur la construction identitaire des femmes tamoules de France. Quelle compréhension et perception ont-elles de leur biculturalité ? Comment certaines peuvent-elles se définir « Tamoules avant tout » et dans le même temps« ni Françaises, ni Tamoules» ? Leurs choix d'alliance ne sont pas toujours ceux attendus par la société d'accueil. Le troisième article expose les résultats globaux de notre recherche : les Tamoules de la seconde génération cultivent leurs appartenances multiples à travers des stratégies d'alliance métissées et créatives. Enfin, un quatrième article explore les représentations des mariages tamouls dans différents médias afin d'examiner la manière dont sont façonnés l'amour, le mariage et les traditions dans l'imaginaire des femmes tamoules de France. Dans la discussion, nous resituons notre recherche dans le contexte actuel de système d'alliance français. Nous démontrons l'importance de prendre en compte cette étape de la vie pour accompagner les jeunes de la seconde génération et les soutenir durant une possible période de vulnérabilité. D'une vision intraculturelle à une vision multiculturelle du mariage, notre recherche s'inscrit ainsi dans la continuité des travaux transculturels qui interrogent à la fois le métissage culturel et les liens entre tradition et modernité.