Le ''nation-building'' : fondements conceptuels, manifestations opératives et enjeux stratégiques
Auteur / Autrice : | Fares Amriche |
Direction : | Fouad Nohra |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 20/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (Malakoff, Hauts-de-Seine ; 1996-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Maurice Hauriou pour la recherche en droit public (Paris ; 1992-....) |
Jury : | Président / Présidente : Dina El Maoula |
Examinateurs / Examinatrices : Dina El Maoula, Réda Mezoui, Mokhtar Ben Barka, Dominique Maillard Desgrées Du Loû, Asli Ege | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Réda Mezoui, Mokhtar Ben Barka |
Résumé
Les interventions militaires américaines en Afghanistan en 2001 et en Irak dès 2003 ont mis en lumière, tant dans la notion que dans la pratique, le concept de nation-building. En effet, il s'agit de réfléchir et de théoriser une architecture conceptuelle mais aussi matérielle de construction et/ou de reconstruction de la structure d'un État-nation après une période de conflit. L'idée même de ''nation-building'' est d'origine anglo-saxonne mais le principe de ''construction nationale'' est en réalité bien plus ancien et tire ses fondements et racines dans les relations internationales, et trouve ses référents idéologiques, entre autres, dans les nationalismes européens du XIXe siècle. En outre, le nation-building s'intéresse à construire ''l’État moderne'' comme une forme idéal, un modèle structurellement importé sur d'autres aires ''géo-civilisationnelles'' et implique donc de comprendre comment ces mécanismes peuvent s'adapter avec un environnement dont les paternes culturels, cultuels et/ou politiques sont parfois aux antipodes de cette vision de l’État moderne. Par ailleurs, le modèle d’État-nation tel que le revendique la théorie du nation-building implique un processus de reconstruction bien plus profond qu'une simple démocratisation et qui demande la mobilisation d'un nombre très importants d'acteurs tant à l'extérieur qu'un l'extérieur car il participe au façonnement d'une histoire nationale commune. Si le nation-building s'intéresse à la construction d'une ''nation'', l'opération implique également la construction de ''l’État'', ce qui demande un autre degré d'analyse sur le rapport qu'entretiennent ces deux notions, tant sur le plan théorique que pratique. Il apparaît nécessaire d'en étudier le modèle pour pouvoir comprendre les schémas appliqués aux États qui en ont connu ce processus, souvent de l'extérieur et surtout depuis le début des années 1990, sur la quasi-totalité des continents. Il faut notamment conserver à l'esprit que le nation-building, en tant que principe opératif, implique des moyens humains et militaires, et la sécurisation pérenne (constitution d'une architecture de la paix : peacekeeping, peacebuilding) d'un État considéré comme affaibli voire effondré partiellement ou totalement (''weak state'', ''collapsed'' ou ''failed state''). Enfin, il faut également interroger les idéologies qui traversent le concept de nation-building et analyser comment il insère dans les géostratégies de grandes puissances. Cela permettra de comprendre d'une part dans quelles mesures ces opérations de nation-building s'inscrivent dans une vision politique du monde et comment cette ingénierie géostratégique risque d'évoluer alors qu'elle revêt déjà des formes particulièrement subtiles, voire subversives.