Thèse soutenue

Psychopathologie, stratégies d'ajustement et atteintes motrices dans les myopathies : application d'un modèle de bien-être psychologique

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Auteur / Autrice : Amandine Rohmer-Cohen
Direction : Catherine Bungener
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 19/11/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de santé (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Marcela Gargiulo
Examinateurs / Examinatrices : Marcela Gargiulo, Michèle Montreuil, Luc Laberge, Philippe Thoumie
Rapporteurs / Rapporteuses : Michèle Montreuil, Luc Laberge

Résumé

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Les myopathies représentent un groupe de pathologies rares, évolutives mais hétérogènes dont la manifestation principale est une altération des muscles. Au sein de ce groupe, la dystrophie myotonique de type 1 (DM1) et la dystrophie facio-scapulo-humérale (FSH) sont les pathologies les plus fréquentes chez l'adulte. Les troubles de l'humeur et l'adaptation à la maladie ont été étudiés chez ces patients, bien que les recherches soient peu nombreuses. Cependant, jamais ces données n'ont été mises en perspective avec les atteintes motrices, qui sont pourtant au premier plan. L'objectif de cette recherche a été de mettre en lien les aspects psychopathologiques, les stratégies d'ajustement à la maladie et les altérations motrices au travers d'un modèle de bien-être psychologique. Suite à la lecture des travaux publiés antérieurement, nous avons posé l'hypothèse que le bien-être psychologique serait diminué chez l'ensemble des patients, que cela serait en lien avec des stratégies de coping inopérantes et la sévérité de l'atteinte motrice. Nous avons également postulé que des "profils psychologiques" différents émergeraient en fonction des pathologies étudiées. Afin de répondre à nos hypothèses, 74 patients atteints de myopathie d'origine génétique et de forme adulte ont participé à notre recherche (29 atteints de FSH, 25 atteints de DM1 et 20 atteints de diverses myopathies). Tous ont répondu à des auto-questionnaires et passé une évaluation kinésithérapique. Nos résultats mettent en lumière, pour l'ensemble de nos patients, une altération globale du bien-être psychologique marquée par la présence d'une symptomatologie anxio-dépressive, d'une importante fatigue, d'une estime de soi altérée dans sa dimension physique, et d'une diminution de la qualité de vie. Le coping centré sur le problème prédit positivement ces altérations, tandis que le coping centré sur les émotions les prédit négativement. Les données socio-démographiques et cliniques ainsi que l'atteinte motrice ont un impact relativement faible. De manière intéressante, nous observons que l'usage d'une aide technique au déplacement amène une réorientation des stratégies de coping qui seront dès lors majoritairement centrées sur le problème. Comparativement, nos trois groupes ne diffèrent que sensiblement les uns des autres sur le plan psychopathologique. En revanche, les variables n'interagissent pas de la même manière en fonction de la pathologie. Ces résultats soulignent l'importance d'une prise en charge holistique et pluridisciplinaire du patient tout en étant adaptée et donc singulière à chaque pathologie. Un accompagnement psychothérapeutique parait indispensable tout au long de la maladie afin de soutenir l'adaptation du patient à sa pathologie évolutive, tout comme de recourir à des thérapies complémentaires si le clinicien le juge utile. Nous proposons également de réinterpréter le modèle du bien-être psychologique de référence à ce travail pour se tourner vers un modèle bio-psycho-social qui semble plus pertinent pour des patients atteints de pathologie somatique.