Thèse soutenue

Modélisation cellulaire d'un nouveau type d'hypoplasie pontocérébelleuse causé par une perte de fonction du gène multiple inositol-polyphosphate phosphatase 1

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Auteur / Autrice : Ekin Ucuncu
Direction : Vincent Cantagrel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génétique
Date : Soutenance le 09/11/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Maladies Génétiques (Paris)
Jury : Président / Présidente : Nadia Bahi-Buisson
Examinateurs / Examinatrices : Nadia Bahi-Buisson, Anselme Perrier, Christophe Erneux, Lydie Burglen
Rapporteur / Rapporteuse : Anselme Perrier, Christophe Erneux

Résumé

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Les anomalies du développement du cervelet sont associées à des troubles cognitifs et moteurs, et pour une part importante des patients atteints il n'y a pas de diagnostic moléculaire. Parmi celles-ci, les hypoplasies pontocérébelleuses (HPC) sont des maladies rares, très sévères, caractérisées par un développement incomplet du cervelet et du tronc cérébral. Récemment, nous avons identifié des mutations dans un nouveau gène, MINPP1 (pour multiple inositol-polyphosphate phosphatase 1), chez huit patients issus de six familles. Ces patients présentent une image typique à l'IRM avec une atteinte des ganglions de la base, suggérant un nouveau défaut moléculaire. Etonnamment, la voie métabolique des inositol phosphates n'a jamais été impliquée dans des maladies congénitales ni dans le développement cérébral humain. Mon projet de thèse a visé à établir des modèles d'étude de la maladie à l'aide de cellules HEK293, de cellules souches pluripotentes induites humaines (CSPi) ainsi que la souris invalidée pour Minpp1. Pour évaluer l'effet des variants de MINPP1 identifiées chez les patients HPC, nous avons commencé notre projet en générant un modèle de cellules HEK293 invalidées pour MINPP1. Les cellules HEK293 MINPP1-/- montrent un défaut de prolifération, qui est partiellement sauvé par une surexpression de MINPP1 WT. En revanche, la surexpression des deux variants faux-sens de MINPP1 identifiés chez les patients, n'a aucun effet, indiquant que ces variants sont des mutations perte de fonction. Afin d'établir un modèle cellulaire plus proche de la maladie, nous avons généré des cellules souches pluripotentes induites humaines (CSPi) invalidées pour MINPP1. Parallèlement, nous avons aussi généré des CSPi provenant de patients HPC. Nous avons ensuite analysé la capacité de différentiation en neurones de ces deux lignées. Nous avons constaté une forte augmentation dans le pourcentage des progéniteurs neuronaux ainsi qu'une diminution dans le pourcentage des neurones positifs pour Tuj1, suggérant un retard de différentiation neuronale sévère dans ces deux lignées. De plus, nous avons observé une augmentation de la mort cellulaire dans ces lignées lors de cette différentiation. Afin d¿étudier les voies biochimiques impliquées dans ces défauts neurologiques, nous avons quantifié les inositol phosphates intracellulaires et observé une augmentation du taux d'IP6 lors de la différenciation neuronale des deux lignées mutantes pour MINPP1.Par la suite, nous avons testé un mécanisme expliquant comment l'accumulation d'IP6 affecte la différenciation neuronale et la survie cellulaire observées dans des lignées mutantes pour MINPP1. Comme l'IP6 est un fort chélateur, nous avons émis l'hypothèse que l'accumulation d'IP6 cause un déséquilibre dans l'homéostasie des ions intracellulaires importants pour la différenciation neuronale et la survie cellulaire. En effet, nos premières analyses avec le modèle HEK293 KO MINPP1, montrent une forte diminution de Ca2+ et Fe3+ libres intracellulaires, tout en affichant un taux d'IP6 élevés. Conformément à ces résultats, les progéniteurs neuronaux de souris Minpp1-/- montrent aussi une diminution marquée de Ca2 + libre intracellulaire. Par conséquent, ces données suggèrent l'implication de la chélation médiée par IP6 comme cause sous-jacente de cette pathologie. Ainsi, ce projet a permis d'identifier un nouveau gène de HPC et les mécanismes biochimiques et cellulaires associés et ainsi démontrer, pour la première fois, l'implication d'une anomalie du métabolisme des inositol phosphates dans les HPC et dans une maladie congénitale.