Génétique et épigénétique de l'endométriose : analyse des micro-ARNs et séquençage de familles
Auteur / Autrice : | Carole Abo |
Direction : | Bruno Borghese, Daniel Vaiman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance le 05/10/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Cochin (Paris ; 2002-....) |
Jury : | Président / Présidente : François Vialard |
Examinateurs / Examinatrices : François Vialard, Marina Kvaskoff, Nadège Bercovici, Cyril Touboul | |
Rapporteur / Rapporteuse : François Vialard, Marina Kvaskoff |
Mots clés
Résumé
L'endométriose est une pathologie gynécologique chronique, inflammatoire et hormono-dépendante, définie par la présence de tissu endométrial fonctionnel en dehors de la cavité utérine. Elle affecte environ 10% des femmes en âge de procréer et peut occasionner des douleurs pelviennes et une infertilité. C'est une maladie complexe dont l'étiologie et la physiopathologie demeurent mal connues. La première partie de ce travail concerne les bases génétiques de l'endométriose qui est une maladie répondant à une hérédité multigénique. À ce jour, les études d'association pangénomiques n'ont mis en évidence que des variants d'effets relativement modestes, dans des formes non familiales. Nous proposons ici une approche fondée sur l'étude de familles concentrant des cas sévères, dans le but de mettre en évidence de nouveaux polymorphismes affectant possiblement des gènes majeurs. Quatre-vingt cinq familles présentant au moins deux cas d'endométriose sévère ont été sélectionnées. Un prélèvement d'ADN a été réalisé pour chaque malade de la famille, ainsi que les parents des sujets atteints, puis les régions codantes (exomes) ont été séquencées. La mise en évidence d'un ou plusieurs variants dans ces formes familiales pourrait permettre de découvrir de nouveaux gènes impliqués dans la maladie et peut-être poser les bases d'un dépistage familial. La deuxième partie de ce travail s'intéresse aux mécanismes épigénétiques de l'endométriose et plus particulièrement aux micro-ARNs. S'il est clair que leur expression est dérégulée dans l'endométriose, l'identification des micro-ARNs en cause est loin d'être achevée, les études publiées à ce jour étant discordantes entre elles. À l'aide d'une approche bioinformatique originale et sans a priori, s'appuyant sur les données de la base miRWalk 2.0 couplées aux données d'expression de kystes ovariens endométriosiques (endométriomes), nous avons identifié 8 micro-ARNs potentiellement régulateurs. Étant donné la forte corrélation existant entre la concentration tissulaire et circulante des micro-ARNs, les 8 micro-ARNs sélectionnés ont été quantifiés par RT-qPCR dans le plasma de 93 patientes et 95 témoins indemnes de la maladie. Deux sur les huit testés étaient surexprimés chez les patientes endométriosiques : let-7b-5p et miR-92a-3p (p<0.005). Trois micro-ARNs parmi les 8 sélectionnés, incluant let7b-5p et miR-92a-3p, ciblaient potentiellement le gène KIAA1324, l'un des plus dérégulés dans l'endométriome et dont l'expression est modulée par les oestrogènes. Nous avons ensuite réalisé des cultures primaires de cellules endométriales à partir de biopsies d'endomètre de 10 femmes porteuses d'un endométriome. Ces cellules ont été transfectées avec des mimics de micro-ARNs (let-7b-5p et miR-92a-3p) afin d'étudier leur effet sur l'expression de KIAA1324. L'expression du gène KIAA1324 a été mesurée par RT-qPCR et une baisse d'expression allant jusqu'à 40% a été observée en présence des deux micro-ARNs testés. L'analyse immunohistochimique comparant la lésion ovarienne à l'endomètre eutopique d'une même patiente a révélé un marquage moins intense de KIAA1324 dans la lésion par rapport à l'endomètre, ce qui est en accord avec les données transcriptomiques. En conclusion, nous avons mis en évidence l'implication potentielle d'un nouveau gène dans la physiopathologie de l'endométriose, le gène KIAA1324 dont l'expression est diminuée par deux micro-ARNs circulants, let-7b-5p et miR-92a-3p. Ces deux micro-ARNs ont été retrouvés surexprimés dans la maladie; leur quantification dans le plasma pourrait constituer un outil de diagnostic précoce dans l'endométriose.