Thèse soutenue

Mise en oeuvre des cellules dendritiques pour détecter et éliminer le VIH intracellulaire

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Auteur / Autrice : Etienne Hatton
Direction : Anne Hosmalin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 28/09/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Cochin (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Yves Colin
Examinateurs / Examinatrices : Yves Colin, Pascale Jeannin, Jenny Valladeau, Stéphanie Graff-Dubois, Bénédicte Manoury
Rapporteur / Rapporteuse : Pascale Jeannin, Jenny Valladeau

Résumé

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Les cellules dendritiques (DC) sont des cellules-sentinelles à l'interface entre réponses immunitaires innées et adaptatives. Les DC plasmacytoïdes (pDC), conventionnelles (cDC1, cDC2) et transitionnelles (tDC) ont chacune leurs spécificités de modulation positive ou négative. Lors de l'infection aiguë par VIH, les DC plasmacytoïdes (pDC) sont en grande partie responsables de la forte production d'interférons (IFN) de type I, qui réduit la charge virale. Lors de l'infection chronique, la stimulation IFN persistante entraîne une hyperactivation du système immunitaire et un épuisement des lymphocytes T CD8+ cytotoxiques. Sous antirétroviraux, les patients ne développent plus le SIDA, mais conservent des réservoirs viraux et restent exposés à des complications métaboliques parallèles à l'activation des monocytes et des DC. Nous avons étudié les IFNs produits par les DC humaines en réponse aux cellules infectées par VIH et leur influence sur la présentation croisée aux lymphocytes T CD8+. Nous avons mesuré les réponses IFN de type I et III au cours de l'infection chronique par VIH-1 et par VIH-2, qui est moins pathogène. In vivo, les PBMC de personnes de la région parisienne vivant avec VIH (PVVIH)-1 ou -2 (études HIV-IFN; Immunovir-2, cohorte ANRS-CO5) produisaient des ARN codant pour IFN-lambda1 et -alpha2. Le niveau plasmatique d'IFN-alpha était plus élevé chez les 19 PVVIH-2, mais aussi chez les 8 témoins originaires comme eux d'Afrique de l'Ouest, que chez les 15 PVVIH-1 ou chez les 8 témoins de l'EFS de Paris. In vitro, au sein de PBMC de donneurs, les pDC produisaient les ARN et protéines des IFN-lambda en réponse à des cellules H9 infectées par VIH-1 ou -2. Cette stimulation induit leur maturation, et en cascade celle des cDC, qui ne montrent pas de réponse intrinsèque. Donc la moindre pathogénicité du VIH-2 n'est pas liée à un manque de transcription d'IFN-lambda par les PBMC des patients ni à un manque de réponse des DC, mais peut-être à une production IFN basale plus élevée chez les Africains de l'Ouest, qui ont aussi davantage de monocytes inflammatoires que les témoins EFS. Le laboratoire avait montré que les pDC effectuaient la présentation croisée d'antigènes du VIH à partir de cellules H9HIV-1 apoptotiques. Nous avons étudié l'effet des cytokines produites par les pDC en réponse aux cellules H9HIV-1 sur leur présentation croisée. La présentation croisée, mesurée par la sécrétion d'IFN-gamma par des lymphocytes T CD8+ anti-VIH, était HLA-A2-restreinte. En mesurant les réponses intracellulaires nous avons découvert qu'une partie de la réponse n'était pas HLA-A2 restreinte. Les IFN de type I produits par les pDC en réponse aux cellules H9HIV-1, mais pas l'IFN-lambda 1, induisaient une pré-activation des lymphocytes T CD8+ avec accumulation d'IFN-gamma intracellulaire; la sécrétion n'avait lieu qu'après interaction HLA-A2-restreinte avec le récepteur des lymphocytes T CD8+. Enfin, nous montrons pour la première fois que les pDC et les cDC2 primaires humaines effectuent la présentation croisée d'antigènes à partir de cellules H9HIV vivantes, les cDC2 plus efficacement qu'à partir de cellules apoptotiques. Les cDC1, au contraire, semblent spécialisées dans la présentation croisée à partir de cellules apoptotiques. Nos données préliminaires suggèrent des pistes quant au mécanisme du transfert d'antigène à partir de cellules vivantes. Elles indiquent aussi que les tDC (AXL+ Siglec-6+), suspectées d'exercer certaines fonctions jusqu'alors attribuées aux pDC, ne sont pas responsables de la présentation croisée observée avec les pDC. Les pDC sont donc centrales dans la détection des cellules infectées par le VIH, qu'elles soient mortes ou vivantes, et dans l'induction des réponses antivirales des lymphocytes T CD8+. Nous espérons à la suite de cette thèse comprendre comment maximiser la détection par les pDC et l'élimination du VIH tapi dans les cellules-réservoirs.