Rôles de HELLS dans la méthylation de l'ADN et la réponse immune humorale dans un modèle murin du syndrome ICF (Immunodéficit, instabilité Centromérique, et anomalies Faciales)
Auteur / Autrice : | Éléonore Mulot |
Direction : | Sébastien Storck |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Immunologie |
Date : | Soutenance le 28/05/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Necker Enfants-Malades (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Michèle Goodhardt |
Examinateurs / Examinatrices : Michèle Goodhardt, Olivier Bernard, Ahmed Amine Khamlichi, Céline Delaloy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Olivier Bernard, Ahmed Amine Khamlichi |
Mots clés
Résumé
Le syndrome ICF (Immunodéficit, instabilité Centromérique, et anomalies Faciales) est une maladie monogénique autosomique récessive rare. Les patients ICF présentent un retard mental et un déficit de croissance plus ou moins marqués, avec des anomalies faciales modérées. Ils sont tous sujets à des infections répétées, notamment respiratoires et gastro-intestinales, et ne répondent pas à la vaccination en raison d'un défaut de l'immunité humorale : ils ont une hypogammaglobulinémie et un très faible nombre de lymphocytes B mémoires (MBCs) ce qui suggère un défaut de maturation tardive des lymphocytes B (LB). Ceci est parfois couplé à une réduction du nombre de lymphocytes T qui provoque des infections opportunistes chez certains patients. En dehors de l'immunodéficience, ce qui caractérise le syndrome ICF est le défaut moléculaire qui permet de faire le diagnostic de la maladie. Le caryotype de lymphocytes stimulés de patients ICF met en évidence des anomalies chromosomiques telles que des délétions de bras chromosomiques, des translocations, ou encore des fusions de centromères aboutissant à des chromosomes multi-branchés. Cela est lié à une décondensation de la chromatine qui fait suite à une hypo-méthylation de l'ADN au niveau des régions satellites répétées péri-centromériques des chromosomes 1, 9 et 16. A ce jour, quatre gènes ont été découverts pour expliquer l'origine génétique de la maladie, mais il reste encore une faible proportion de patients dont le gène n'est pas connu (ICFX). Chaque patient porte des mutations perte de fonction dans un de ces quatre gènes qui semblent tous participer à la voie de la méthylation de l'ADN : DNMT3B (ICF1) est une ADN méthyl-transférase de novo, ZBTB24 (ICF2) est un facteur de transcription et CDCA7 (ICF3) avec LSH (ICF4) forment un complexe de remodelage de la chromatine. L'objectif de ma thèse est de déterminer l'origine cellulaire du défaut immunitaire humoral des patients ICF. Pour cela, nous avons créé un modèle murin du syndrome ICF, qui consiste en un knock-out conditionnel du gène Lsh (LshcKO) dans les LB (mb1-Cre, progéniteur B). Nous avons montré que LSH est impliqué dans le maintien de la méthylation de l'ADN au niveau de séquences répétées dans les LB, et que sa délétion conduit à la réactivation de rétrovirus endogènes et de séquences satellites mineures au niveau des centromères dans les LB du centre germinatif (GC B). Cependant, la perte de fonction de LSH ne provoque pas de blocage du développement B dans la moelle osseuse, et ne semble pas conduire à un défaut de prolifération, de commutation de classe vers IgG1 ou de différenciation en cellules sécrétrices d'anticorps in vitro. En revanche, les souris LshcKO présentent un défaut de réponse humorale à un antigène T-dépendant (NP-CGG) : le taux et l'affinité de leurs anticorps IgG1 sont très diminués après un rappel antigénique. Cela peut s'expliquer par une chute prématurée de GC observée deux semaines après l'immunisation primaire, qui pourrait être à l'origine de la diminution de MBCs spécifiques de l'antigène que l'on retrouve à un mois de distance. Par ailleurs, la réponse extrafolliculaire IgM est très affectée tout comme la réponse T-indépendante au NP-Ficoll de ces animaux. Ces deux derniers résultats suggèrent un défaut immunitaire plus large et complexe qu'attendu. Pour conclure, nous avons établi le premier modèle murin qui reproduit une partie du phénotype immunitaire du syndrome ICF, à savoir une mémoire humorale réduite. Ce phénotype est certainement intrinsèque aux cellules B, car nous avons observé le même résultat en supprimant le gène Lsh dans les LB matures (CD21-Cre), et provient probablement d'un défaut de maintien du GC. Ce modèle murin sera utile pour l'identification de cibles potentielles dont l'hypo-méthylation pourrait résulter en un dysfonctionnement des LB.