MRP4 (ABCC4) plaquettaire : rôle dans la compartimentation de l'AMPc et dans la pharmacologie de l'aspirine
Auteur / Autrice : | Alexandre Leuci |
Direction : | Christilla Bachelot-Loza |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Hématologie |
Date : | Soutenance le 14/12/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Innovations Thérapeutiques en hÉMostase (Paris ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pascale Gaussem |
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Gaussem, Alexandre Kauskot, Annabelle Prado Dupont, Jean-Christophe Gris, Corinne Frère | |
Rapporteur / Rapporteuse : Alexandre Kauskot, Annabelle Prado Dupont |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les plaquettes sanguines circulent dans le sang au repos, cet état inactivé étant maintenu par la production de prostacycline et de monoxyde d'azote par l'endothélium vasculaire. Ces deux agents activent respectivement les voies des nucléotides cycliques : AMPc et GMPc. La prostacycline (ou prostaglandine I2), après liaison au récepteur IP, active l'adénylate cyclase (AC) via une protéine Gs. L'AC activée est responsable de la formation d'AMPc intraplaquettaire qui conduit à une inhibition de l'activation plaquettaire. Afin de permettre l'activation plaquettaire, le taux d'AMPc est réprimé i) par l'action des phosphodiestérases (PDE), qui le dégradent, ii) l'ADP, qui en se fixant sur P2Y12 active une Gi inhibitrice de l'AC, iii) par son efflux du cytosol via notamment la protéine d'efflux MRP4 (ABCC4), et iv) par une compartimentation subcellulaire de la voie de l'AMPc, mécanisme très peu documenté dans les plaquettes. Outre son rôle dans l'homéostasie de l'AMPc, de récentes études suggèrent que MRP4 serait également associée à des états de résistance plaquettaire à l'aspirine. En effet, un traitement par aspirine au long cours induirait une surexpression de MRP4 dans les plaquettes et cette surexpression serait par la suite responsable de l'efflux de l'aspirine hors des plaquettes, diminuant alors son efficacité. Les travaux présentés dans cette thèse ont eu pour objectif d'étudier la régulation de la voie de l'AMPc sous forme de microdomaines et l'impact d'un traitement par l'aspirine in vivo sur l'expression de MRP4 et sa répercussion sur l'homéostasie de l'AMPc. L'étude de la répartition des acteurs de la voie de l'AMPc révèlent une répartition non homogène au sein des membranes. En effet, une partie des acteurs sont présents hors des radeaux lipidiques membranaires bien qu'une fraction de PKA ainsi que de Gi soient présents dans les radeaux lipidiques. Cette répartition suggère diverses voies de régulation de la voie de l'AMPc. En effet, la présence d'acteurs hors des radeaux lipidiques est compatible avec le modèle d'organisation sous forme de microdomaines à AMPc comprenant la voie de synthèse (Gs, ACIII), l'effecteur PKA mais également la voie de régulation par les PDEs 2A et 3A. Ces microdomaines pourraient alors réguler localement la réponse plaquettaire. Par ailleurs, la présence d'acteurs de la voie de l'AMPc dans les radeaux lipidiques est compatible avec le modèle d'organisation ayant pour rôle de produire de l'AMPc qui diffuse plus facilement dans le cytoplasme (absence de PDE à proximité) pour exercer son effet inhibiteur, tout en maintenant un niveau d'inhibition contraint comme en témoigne l'augmentation de l'effet inhibiteur d'un activateur de la voie de l'AMPc lors de destruction des radeaux lipidiques. Ainsi l'organisation de la voie de l'AMPc sous différentes formes, en microdomaines AMPc ou non, pourrait impliquer des degrés différents d'inhibition plaquettaire par l'AMPc. Pour le second objectif, l'étude de différentes voies d'administration de l'aspirine chez deux souches de souris nous a permis de définir la voie orale comme étant la voie la plus appropriée pour l'étude de l'effet anti plaquettaire de l'aspirine. Son effet est mesurable 30 min après administration et reste mesurable à 3 heures avec une meilleure reproductibilité chez la souche C56/BL6. La dose de 100 mg/Kg induit une augmentation du temps de saignement et inhibe l'activité plaquettaire comme le montre une inhibition de 50 % de l'agrégation au collagène et la baisse de 85 % de la production de thromboxane B2. L'administration de l'aspirine durant 4 jours permet d'induire une augmentation de l'expression plaquettaire de MRP4 d'un facteur 2,5. Ce travail a permis de mieux caractériser le rôle de MRP4 dans la voie de l'AMPc et de définir le modèle préclinique d'administration de l'aspirine afin d'étudier le rôle de MRP4 dans la résistance au traitement.