L’entreprenariat au Burkina Faso : analyse économique des choix occupationnels sur le marché du travail et de l'intention d'entreprendre des étudiants
Auteur / Autrice : | Arthur Félix Wendkuuni Sawadogo |
Direction : | Jean-François Giret, Jean-François Kobiané |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Économie |
Date : | Soutenance le 18/12/2020 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou, Burkina Faso) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur l'éducation : sociologie et économie de l'éducation (IREDU) (Dijon) |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Sandrine Mesplé-Somps |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Giret, Jean-François Kobiané, Pam Zahonogo, Jean-Pascal Guironnet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Pam Zahonogo, Jean-Pascal Guironnet |
Mots clés
Résumé
La perception dominante de l’entrepreneuriat, notamment dans les pays développés, est celle d’une activité risquée, dynamique et entreprise volontairement par une certaine catégorie d’individus – des « superstars » - afin de bénéficier d’opportunités de gains et une influence sociale plus importante. Cependant, ce point de vue dynamique de l’entrepreneuriat contraste avec celui généralement présenté dans les pays en développement où l’emploi indépendant est en grande partie exercé dans le secteur informel ; un segment considéré « précaire » du marché du travail et permettant uniquement à l’individu d’échapper au chômage. Néanmoins de plus en plus d’études, en Afrique et davantage en Amérique Latine, montrent que ce segment est désirable et susceptible de procurer à certains individus, notamment aux entrepreneurs, des revenus plus compétitifs que ceux travaillant dans la sphère formelle.De ce fait, la première partie de cette thèse s’intéresse à l’entrée des individus dans l’entrepreneuriat au Burkina Faso, notamment dans le secteur informel. Ce choix est-il rationnel et motivé par les opportunités de gains et/ou plutôt contrainte par l’absence d’opportunité d’emploi ? Cette partie questionne aussi les motivations d’entrée dans l’entrepreneuriat selon le genre. Pour répondre à ces interrogations, nous avons utilisé les données de l’Enquête Nationale sur le Secteur Informel collectées en 2015 auprès des ménages, au Burkina Faso. Nous avons analysé les écarts de gains entre les différents segments d’emplois et examiné les déterminants du choix de l’entrepreneuriat par le biais de modèles structurels. Dans un premier temps, l’analyse sur l’ensemble de la population active occupée montre que les salariés disposent en moyenne de revenus plus élevés que les entrepreneurs. Elle montre également que le choix du statut d’entrepreneur est principalement fondé sur le différentiel de gains escompté, soutenant ainsi le principe de l’avantage comparatif décrit dans les modèles d’auto-sélection. Cependant, en tenant compte de l’hétérogénéité des statuts d’emplois (formel et informel) nous remarquons que les emplois informels sont en moyenne moins rémunérateurs que les emplois formels, et que l’écart de gains escompté a, cette fois-ci, un impact négatif et significatif sur la probabilité d’entreprendre de manière informelle. Par ailleurs, le risque d’être au chômage constitue un élément déterminant du choix de ce statut d’emploi. Ces résultats, observés chez les hommes comme chez les femmes, indiquent que le marché du travail dans les pays en développement est segmenté et que l’entrée dans l’entrepreneuriat informel est particulièrement contrainte.Les résultats de cette partie nous ont ensuite conduit à nous interroger, dans une deuxième partie de la thèse, sur le projet professionnel des individus qui n’étaient pas encore entrés sur le marché du travail. A partir de données collectées auprès des étudiants des Universités Ouaga 1 et Ouaga 2, nous avons cherché à comprendre quels pourraient être les facteurs susceptibles de favoriser ou d’inhiber leur projet de création. Nous avons ainsi analysé les déterminants de l’intention entrepreneuriale à travers différentes méthodes d’estimations. Les résultats de nos analyses montrent que l’aspiration entrepreneuriale des étudiants est fondée sur l’espérance de gains mais également sur des attentes non pécuniaires, en particulier le besoin d’indépendance/d’autonomie. Nous remarquons que ce sont les individus disposant d’un stock de capital humain plus étendu – les jack off all trades – qui sont plus susceptibles de proclamer leur projet de création, et non ceux qui étaient à un stade avancé dans leurs études. Nous constatons également que ce sont les individus qui ont une plus grande maitrise en compétences managériales et spécifiques, et qui ont bénéficié d’un enseignement spécifique à l’entrepreneuriat qui sont davantage susceptibles de vouloir créer une entreprise.