Epidémiologie de Staphylococcus aureus CC398
Auteur / Autrice : | Kévin Bouiller |
Direction : | Catherine Chirouze, Xavier Bertrand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Médecine, microbiologie et maladies transmissibles |
Date : | Soutenance le 17/12/2020 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire chrono-environnement (Besançon) |
Site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024) | |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Tattevin |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Chirouze, Xavier Bertrand, Nathalie Van der Mee, Florent Valour | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Van der Mee, Florent Valour |
Mots clés
Résumé
Introduction : Staphylococcus aureus (SA) est une bactérie ubiquitaire, faisant partie de la flore commensale humaine. SA est responsable d’infections communautaires et nosocomiales, parfois sévères comme les bactériémies, et les infections ostéo-articulaires. La colonisation est souvent une étape préalable à l’infection à SA. La muqueuse des fosses nasales antérieures représente le site privilégié de colonisation. Il existe de nombreuses souches de SA regroupées en complexes clonaux (CC) en fonction de leur diversité génétique. L’émergence de ces clones est parfois liée à des facteurs particuliers d’exposition. Ainsi, le clone ST398, appartenant au CC398, a ainsi été identifié initialement en France et aux Pays-Bas. Il est séparé en deux populations distinctes : une population SA résistant à la méticilline (SAMR) avec notion de contact avec les animaux (notamment les porcs) et une population SA sensible à la méticilline (SAMS) plus virulente que son homologue, isolée d’infections humaines graves et sans notion d’exposition à des animaux d’élevage. Le mode d’acquisition de cette dernière population demeure incertain. Plusieurs études suggèrent une augmentation de la fréquence des clones SA ST398 en France, responsables d’infections et/ou de colonisation ; cependant les chiffres sont variables en fonction des régions. De plus, plusieurs études suggèrent que ce clone pourrait avoir un tropisme ostéo articulaire.Objectifs : 1) Définir l’épidémiologie des bactériémies à SA ST398 au CHU de Besançon, 2) Définir les caractéristiques cliniques et les facteurs associés aux infections ostéo-articulaires à SA ST398, et 3) Définir l’épidémiologie de la colonisation nasale de SA ST398 en communautaire et en hospitalier afin notamment de déterminer le mode d’acquisition de ce clone.Résultats : Dans la première étude, nous avons inclus tous les patients hospitalisés au CHU de Besancon ayant au moins une hémoculture à SA entre 2010 et 2017 et nous avons recherché les SA appartenant au CC398. Au total 1496 cas incidents de bactériémies à SA ont été identifiés chez 1455 patients. La prévalence de SA CC398 parmi les bactériémies à SA est passée de 3,6% en 2010 à 20,2 % en 2017 (p < 0,05). Des souches de SAMR CC398 ont été identifiées à partir de 2015 mais restent très rare.Dans la seconde étude, nous nous sommes intéressés à la prévalence du clone SA ST398 dans les infections ostéo-articulaires ainsi qu’aux facteurs associés à sa présence dans ces infections au CHU de Besançon entre 2010 et 2017. Nous avons montré que ce clone augmentait également dans les infections ostéo-articulaires allant de 5% en 2010 à 25% en 2017. La répartition du type d'infection ostéo-articulaire due à SA CC398 n’était pas différente de celle dues à SA non CC398. L’âge (p = 0,034, OR = 3,9), le score de McCabe (p = 0,005, OR = 5) et le mécanisme d'inoculation (p = 0,020, OR = 3,7) étaient associés aux infections de prothèse articulaire à SA CC398, tandis que l'année de l’infection (p < 0,001, OR = 1,6), le score de Charlson (p = 0,001, OR = 1,5) et le grade 4 du groupe de travail international de la classification des infections de pied diabétique (p < 0,001, OR = 8,5) étaient associés aux infections de pied diabétique à SA CC398.Dans la dernière étude, nous avons collecté 1366 écouvillons nasaux parmi des donneurs sains et des patients hospitalisés de juin 2019 à juillet 2020. La colonisation nasale de SA était plus important chez les patients sains par rapport aux patients hospitalisés (29.0 vs 20.4; p<0.01) mais le taux de portage de SA CC398 n’était pas différent (7.3 vs 5.5; p=0.24).Conclusions : Ce travail confirme l'émergence et la diffusion du clone SAMS CC398 dans notre hôpital. La surveillance de ce clone particulier de SA adapté à l'homme est nécessaire. Nos données suggèrent également que ce clone diffuse dans la communauté. Les études génomiques sont nécessaires pour identifier les déterminants de sa diffusion.