Thèse soutenue

"Rien sans l'Esprit" : les Libertins spirituels entre Nérac et Genève

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Louise Daubigny
Direction : Stéphan Geonget
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres Modernes
Date : Soutenance le 24/11/2020
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (2018-.... ; Centre-Val de Loire)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études supérieures de la Renaissance (Tours ; 1956-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Garnier
Examinateurs / Examinatrices : Barbara Marczuk-Szwed, Nathalie Szczech, Claire Sicard
Rapporteurs / Rapporteuses : Jan Miernowski

Résumé

FR  |  
EN

Entre 1545 et 1547, le réformateur Jean Calvin publie plusieurs traités polémiques contre un mouvement religieux qu’il appelle « Libertins spirituels », et qui aurait été actif en France entre 1530 et 1560. Ce faisant, il coupe les liens avec Marguerite de Navarre, qui avait elle-même accueilli et protégé les principaux membres de la secte et se déclara offensée par le contenu de ces traités. Ce travail de recherche s’attache à déterminer en quoi l’idéologie véhiculée par les membres de la secte a pu provoquer une telle rupture entre ces deux figures majeures de la Renaissance. Une perspective historique permet d’abord de retracer le cheminement des membres de la secte entre les Flandres et la cour de Navarre : l’analyse de la correspondance latine des réformateurs permet notamment d’en apprendre plus sur la chronologie et les enjeux des publications de Calvin ; l’étude des comptes de la maison de Navarre permet de mieux comprendre le rôle de ces Libertins au service de la reine. Il s’agit ensuite de revenir sur le contenu des textes polémiques des réformateurs pour tenter de reconstituer la pensée des Libertins spirituels et s’interroger sur ce qui, dans cette doctrine, est apparu comme une menace pour la Réforme, justifiant l’écriture de traités : l’analyse des termes utilisés par Calvin pour désigner les Libertins permet de dresser le portrait de la secte pour les réformateurs ; la comparaison de la doctrine prêtée aux Libertins avec la pensée réformée permet de mieux comprendre les lignes de rupture entre ces mouvements ; l’étude des enjeux de l’exégèse pour les réformés et les Libertins spirituels et l’analyse des citations scripturaires privilégiées par les membres du groupe permettent de mieux connaître leur habitudes de lecture et d’interprétation de la Bible. Les rapports entre Marguerite de Navarre et les membres de la secte sont ensuite analysés pour déterminer des influences possibles sur l’œuvre et la pensée de Marguerite de Navarre : les points communs entre le libertinisme et la doctrine du cercle de Meaux sont d’abord répertoriés, notamment à travers des influences communes ; le seul texte connu des Libertins spirituels, que Calvin retranscrit sous le titre de « coq-à-l’âne », fait l’objet d’une étude lexicale, pour comparer l’usage des termes « cuider » et « esprit » sous la plume de la reine de Navarre et des Libertins ; l’œuvre de Marguerite de Navarre est relue pour déterminer des allusions aux Libertins spirituels et à leur doctrine. Plusieurs traités, poèmes et pièces de théâtre considérés comme « libertins » sont enfin analysés à la lumière de ces apports, pour tenter de déterminer des réseaux d’influence.