Thèse soutenue

Experts et consultants au service de l'action publique locale : une approche pragmatique du travail de l'ingénierie privée

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Auteur / Autrice : Nicolas Bataille
Direction : Denis MartouzetLaurent Devisme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement
Date : Soutenance le 06/03/2020
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cités Territoires Environnement et Sociétés (Tours ; 2004-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Pierre Lefeuvre
Examinateurs / Examinatrices : Luca Pattaroni, Magali Nonjon
Rapporteur / Rapporteuse : Rémi Barbier, Elsa Vivant

Résumé

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Dans l’aménagement de l’espace et de l’environnement, les acteurs de l’ingénierie privée occupent une place grandissante dans la mise en œuvre des politiques publiques. Ces invisibles des projets, parfois considérés comme des « experts », sont réputés accompagner les collectivités locales sur les dimensions techniques. Du reste, ils ne sont pas imperméables aux mutations contemporaines du capitalisme qui affectent l’action publique locale. Dans ce contexte, ils se veulent acteurs du changement et soutiennent des approches renouvelées pour répondre à une complexification supposée. À partir d’une enquête ethnographique, cette thèse qualifie le travail de ces bureaux d’études, sociétés d’ingénierie et de conseil dans l’action publique locale. Le cadre de la sociologie pragmatique des épreuves permet de comprendre le travail d’élaboration de dispositifs, mais aussi de production de catégories et de critique, qui est au principe de leur activité. Ce travail documente notamment un changement normatif global autour de la notion de projet au détriment d’une rationalité techniciste, modifiant l’action publique locale dont l’ingénierie privée est un miroir. Tout d’abord, dans l’organisation et le travail, les pratiques de l’expert sont dévalorisées face aux capacités d’animation prêtées au chef de projet. Pour autant, ce dernier subit les injonctions contradictoires de la mise en discussion permanente. Ensuite, face au client, l’ingénierie s’affiche de plus en plus comme « consultant », pour transformer la relation d’exécutant en partenariat. Cette coordination engendre un travail de négociation du besoin tout au long de la mission. En outre, les changements globaux dans la division du travail en aménagement favorisent une coordination plus locale et incertaine au détriment d’un État technocrate. Le recours à l’ingénierie privée est vu comme un moyen de retrouver de la souplesse entre des acteurs de plus en plus nombreux. Enfin, le travail de l’ingénierie dans le cours des projets montre, au-delà de la technique, l’important travail politique de composition d’un collectif et d’attribution des rôles pour permettre l’aboutissement du projet. Finalement, cette étude montre l’évolution de la coordination dans la fabrique de l’espace, entre maintien de dispositifs de la décision linéaire et nouvelles modalités d’échanges itératifs. Ce compromis amène à un confinement des débats politiques sur les fins du projet, alors que la priorité est donnée aux moyens de le faire aboutir.