Thèse soutenue

Photophysique et évolution des hydrocarbures aromatiques polycycliques cosmiques à l'ère du télescope spatial James Webb

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Auteur / Autrice : Sacha Foschino
Direction : Christine JoblinOlivier Berné
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Astrophysique, Sciences de l'Espace, Planétologie
Date : Soutenance le 17/12/2020
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Toulouse ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Yannick Deville
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Galliano
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Guillet, Laurent Verstraete

Résumé

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Les spectres infrarouges des galaxies et de nombreux objets de la Voie Lactée sont dominés par des bandes spectrales intenses, localisées à 3.3, 6.2, 7.7, 8.6, 11.2, et 12.7µm, nommées "bandes aromatiques infrarouges" (AIB). Elles sont attribuées au refroidissement d'une classe de molécules appelées "hydrocarbures aromatiques polycycliques" (PAH), excitées par l'absorption des photons ultraviolets (UV) interstellaires. Les PAH jouent un rôle clé dans la physique des environnements dominés par le rayonnement UV, appelées régions de photodissociation (PDR). En particulier, ils ont une contribution majeure au chauffage du gaz par effet photoélectrique (effet PE). Cependant, à ce jour aucun PAH spécifique n'a pu être identifié, ce qui rend délicat la description, dans les modèles, de leur contribution à la physique et la chimie des milieux. En particulier la contribution de l'effet PE au chauffage du gaz est prise en compte dans de nombreux codes astrophysiques. Il est néanmoins possible d'obtenir des informations globales sur les familles de PAH interstellaires, en se basant sur l'analyse des spectres AIB et de leurs variations. Ceci peut être réalisé en utilisant des méthodes d'apprentissage basées sur la séparation aveugle de sources (SAS), qui permettent d'extraire des spectres d'émission infrarouge représentatifs de populations moyennes de PAH. Le premier volet de cette thèse a consisté à améliorer les approches basées sur la SAS dans le contexte de l'arrivée du futur observatoire spatial infrarouge JWST. En effet, les méthodes existantes étaient limitées par deux aspects : leur incapacité à traiter de gros volumes de données comme celles qui seront fournies par le JWST, et le fait que leur initialisation, réalisée de manière aléatoire, implique une non-stabilité des résultats. Pour résoudre ces problèmes, j'ai proposé et testé, un protocole basé sur une méthode de SAS hybride issue d'études antérieures. Cette approche a été testée sur un jeu de données d'archives (spectres SWS du satellite ISO) qui présente des caractéristiques semblables d'un point de vue spectral à celle du JWST. Ces tests ont permis de démontrer la robustesse et la rapidité de l'approche et les perspectives à venir pour l'analyse des données du JWST. Par ailleurs, nous avons obtenu de nouvelles informations sur la nature des porteurs des AIB avec, en particulier, une première analyse du domaine à 3µm. Le deuxième volet de cette thèse a concerné l'estimation de la contribution des PAH au chauffage du gaz interstellaire par effet photoélectrique ainsi que de l'effet de leur charge sur ce dernier, dans le cas de la PDR NGC 7023 NW. Pour obtenir cette contribution, j'ai comparé l'efficacité théorique de ce processus de chauffage à une valeur haute de l'efficacité observée, appelée efficacité "réduite". La première est calculée grâce aux paramètres moléculaire des PAH obtenues par de récentes expériences de laboratoire et par calcul de chimie quantique. L'efficacité observée "réduite" est obtenu par le ratio entre l'émission du gaz et l'émission additionnée du gaz et des PAH (obtenue via l'outil PAHTAT). Le rapport entre l'efficacité réduite et théorique donne la contribution relative des PAH au chauffage du gaz par rapport aux autres grains. Cette quantité, dans NGC 7023 NW s'élève entre 70 et 80 %, ce qui montre l'importance majeure des PAH dans le chauffage du gaz ainsi qu'une description moléculaire de ce processus de chauffage. La taille des PAH influence peu ce résultat, en revanche le modèle montre qu'une connaissance plus précise de l'énergie cinétique des photoélectrons est cruciale pour avancer dans ce domaine.