Société, environnement et état sanitaire au Néolithique récent : les groupes humains des hypogées I et II du Mont-Aimé (Val-des-Marais, Marne)
Auteur / Autrice : | Richard Donat |
Direction : | Éric Crubézy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropobiologie |
Date : | Soutenance le 14/12/2020 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d’Anthropobiologie et de Génomique de Toulouse (2009-....) |
Résumé
Le Néolithique inaugure un changement de mode de vie et de subsistance des populations humaines, marqué par une transition sociale, économique, démographique et épidémiologique majeure. Cet essai porte sur l'identité culturelle et l'état sanitaire de groupes humains engagés depuis près de deux millénaires dans le processus de Néolithisation de l'Europe occidentale, à un moment où, parmi d'autres changements, s'impose massivement l'usage des sépultures collectives. En France, sur la marge orientale du Bassin parisien, le groupe des quelques 150 hypogées de la Marne, auquel appartiennent les tombes du Mont-Aimé, illustre parfaitement ce phénomène. Les hypogées I et II du Mont-Aimé (Val-des-Marais, Marne) représentent les plus anciennes manifestations de ce genre funéraire dans le Bassin parisien, où les sépultures collectives ont connu un essor considérable au cours du Néolithique récent (3500-2900 cal BC). L'ancienneté des deux tombes remonte au second quart du IVe millénaire avant notre ère, qui marque la transition entre la fin du Néolithique moyen et le début du Néolithique récent dans le Centre Nord de la France. L'utilisation des tombes a pu se prolonger jusqu'à l'orée du IIIe millénaire. Chaque hypogée rassemblait les restes de près de 60 individus. Le recrutement de chacune des tombes du Mont-Aimé, qui diffère par la composition par âge et sexe des groupes inhumés, a pu être en partie (ou un temps) conditionné par un système de descendance qui évoque une possible polarité féminin/masculin. Abondant et varié, le mobilier funéraire (objets d'ornementation, outils, armatures de flèches, etc.) distingue quelques défunts : à l'intérieur d'une même tombe certains individus étaient parés et/ou accompagnés de carquois, tandis que d'autres étaient dépourvus de tout équipement individuel. Les morts ont sans doute rejoint leur sépulture définitive peu de temps après le décès, suivant en cela la norme adoptée dans les tombes collectives du Néolithique récent du Bassin parisien où la pratique de la sépulture primaire domine largement, même si d'autres traitements sont marginalement attestés. Le prélèvement d'une partie des têtes osseuses de l'hypogée II, tombe à dominante (supposée) masculine, s'inscrit peut-être dans un rapport imaginaire et identitaire au passé élevant certains défunts au statut d'ancêtres ou autres métamorphoses symboliques. Par ailleurs, l'état sanitaire des deux groupes révèle des ressemblances, mais surtout des divergences plus ou moins marquées. [...]