Thèse soutenue

Entre l’État, l'usine et le marché : le "problème de l'azote" en France : retour sur les débuts controversés d'une entreprise publique durant l'Entre-deux-guerres, l'Office national industriel de l'azote (1924-1940)
FR  |  
EN  |  
ES
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Michaël Llopart
Direction : Jean-Marc OlivierAlain Boscus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 26/06/2020
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : France Amériques Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Hervé Joly
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Olivier, Alain Boscus, Béatrice Touchelay, Alain Chatriot, Virginie Fonteneau, Anne Dalmasso
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Touchelay, Alain Chatriot

Mots clés

FR  |  
EN  |  
ES

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Devant les nouveaux besoins militaires qu’a fait naître la Première Guerre mondiale, la France s’est trouvée devant le défi de faire évoluer les structures de son industrie chimique. La nécessité d’opérer un changement d’échelle se vérifie particulièrement dans le cas de l’azote, lorsque sous l’effet de la guerre sous-marine, les approvisionnements du pays en nitrates de soude chiliens sont mis à mal. Sans le soutien de ses alliés, la France aurait alors pu se trouver à court de poudres et d’explosifs. Une fois l’armistice signé, les dirigeants politiques encouragent l’implantation sur le sol national d’usines d’ammoniaque synthétique de manière à tendre simultanément vers l’indépendance en matière militaire et agricole (engrais azotés). En 1924, est créé à Toulouse l’Office national industriel de l’Azote (ONIA). Cette création participe de la mise en œuvre d’une politique chimique française plus volontariste qu’auparavant. Toutefois, son contenu est plus complexe qu’il n’y paraît, dans la mesure où l’État n’accompagne pas la création de cette entreprise d’un monopole sur le marché, mais impose à cette dernière de cohabiter avec des concurrents privés.Au moyen d’une étude de cas consacrée à l’ONIA, cette thèse de doctorat ambitionne de livrer une socio-histoire du problème soulevé par la question de l’azote en France entre 1918 et 1940. Par le moyen d’une histoire d’entreprise qui se veut « totale » dans son approche et qui s’efforce de conjuguer les échelles locale, nationale et internationale, elle souhaite comprendre comment cet office public a été conçu et mis en œuvre comme réponse au défi de l’azote. Retracer la trajectoire industrielle de l’ONIA doit parallèlement aider à éclairer les enjeux qui ont présidé à la matérialisation de cette réponse à l’échelon du pays, de même qu’à mettre en exergue les difficultés qui en ont accompagné la réalisation que ce soit sur le plan technique, économique, politique ou social. Parce qu’elle s’inscrit à la charnière des trois entités que sont l’État, l’usine et le marché, cette histoire d’entreprise permet d’interroger les jeux d’acteurs qui ont pris forme en leur sein et, de ce fait, d’évaluer la capacité qu’ont eu ces derniers à s’entendre sur l’organisation d’une filière aussi stratégique, où intérêts publics et intérêts privés apparaissent étroitement mêlés. Ce travail a également pour objectif de questionner les résultats concrets obtenus par l’entreprise sur le moyen terme et, en outre, de déterminer les retombées qu’a eues la politique initiée par les pouvoirs publics en ce qui concerne la couverture des besoins du pays en produits azotés. S’est-elle révélée concluante en définitive ? Dans ce processus, l’ONIA a-t-il confirmé les attentes placées en lui ? Cette recherche a pour but enfin, d’analyser les diverses pratiques déployées par l’État en tant qu’employeur et industriel au sein d’une filière dépourvue de monopole. Il s’agit entre autres, d’évaluer quelle a été sa capacité à s’adapter aux exigences d’une économie concurrentielle à une époque où les pouvoirs publics n’ont encore que peu d’expérience en matière d’exploitation directe d’affaires de ce type. Cette étude sur le développement de l’Office et de sa filière apparaît donc intéressante pour montrer qu’à rebours des schémas communément admis sur l’entre-deux-guerres, la notion d’entrepreneuriat d’État ne semble pas s’opposer à celle de marché, ni à celle d’une possible concurrence avec le secteur privé. Dans notre cas d’espèce, ces deux logiques se trouvent même étroitement liées au sein d’un cadre institutionnel régi par des conventions, et dont l’évolution donne à voir un mélange original entre des principes libéraux et des principes dirigistes.