Essais sur le canal de prise de risque par transmission de la politique monétaire en Zone Euro
Auteur / Autrice : | Bruno De Menna |
Direction : | Alexandre Minda, Olivier Brossard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 10/12/2020 |
Etablissement(s) : | Toulouse 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'étude et de recherche sur l'économie, les politiques et les systèmes sociaux (Toulouse) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La thèse s'inscrit dans les débats en macroéconomie bancaire dédiés au canal de prise de risque par transmission de la politique monétaire. Ainsi, j'aborde cette problématique sous trois angles différents au sein du secteur bancaire de la zone euro, et mobilise de multiples stratégies d'évaluation qui contribuent à une meilleure compréhension de l'impact de la politique monétaire sur le risque de crédit. Premièrement, j'étudie comment le canal de prise de risque de la politique monétaire interagit avec le niveau d'endettement des établissements bancaires après la crise des subprimes. Sur base de techniques de panel dynamiques, je montre que le risque de crédit est associé négativement aux variations de taux, et que le degré de concurrence dans les industries bancaires nationales tend à renforcer cet effet. Je suggère également que cette relation négative est plus prononcée pour les banques ayant des niveaux d'endettement plus élevés. Cependant, ces résultats pour la zone euro sont très différents de ceux observés dans le secteur bancaire américain, ce qui confirme que le temps, les conditions géographiques, ainsi que la configuration des marchés bancaires locaux doivent être pris en compte dans l'examen de l'impact de la politique monétaire sur le risque de crédit. J'examine ensuite l'impact conjoint du capital bancaire et de la liquidité de financement sur le canal de prise de risque de la politique monétaire. En utilisant des données sur la zone euro de 1999 à 2018, je mets en lumière un effet d'éviction des dépôts avant 2008, justifiant la mise en place simultanée de ratios de capital et de liquidité de financement afin d'atténuer la transmission de la politique monétaire au risque de crédit. L'analyse met également en évidence l'absence de cet effet d'éviction des dépôts pour les banques peu efficaces après 2008. Ce résultat implique que les banques inefficaces opérant dans un environnement à taux bas font face à un dilemme entre stabilité financière (par amélioration de leur ratio de fonds propres) et liquidité de financement (par amélioration de leur ratio de dépôts). Ces résultats posent question quant à l'uniformisation des exigences de liquidité de financement au sein de la zone euro comme suggéré par Bâle III. Enfin, j'étends l'analyse au cas particulier des banques coopératives et du prêt relationnel. En raison de spécificités locales, régionales et nationales, ces organismes de crédit peuvent réagir de façon très différente à une même politique monétaire, commune en zone euro. Premièrement, je ne trouve pas de preuve empirique montrant la présence d'un canal de prise de risque pour les banques coopératives dites consolidées (c'est-à-dire peu engagées vis-à-vis du prêt relationnel), alors que ce canal est largement mis en évidence dans la littérature pour les banques non-coopératives dans la zone euro. Par conséquent, les banques coopératives consolidées semblent ne pas augmenter leur risque de crédit face à un assouplissement de la politique monétaire. Par ailleurs, la rentabilité des banques coopératives qui, au contraire, tentent de préserver leurs pratiques de prêt relationnel est davantage affaiblie dans un environnement à taux bas par rapport aux banques coopératives ayant opté pour une consolidation de leurs activités. Ce résultat soulève la question de la viabilité du prêt relationnel lorsque les taux se maintiennent à des niveaux (très) bas sur une longue période. Enfin, je montre que les banques non-coopératives et les banques coopératives relationnelles sont toutes deux touchées par le canal de prise de risque de la politique monétaire. Néanmoins, j'avance que de telles similitudes ne surviennent pas pour les mêmes raisons: le prêt relationnel est associé à un processus radicalement différent de celui des prêts dits transactionnels, ces derniers consacrant des proportions beaucoup plus faibles de leurs actifs à des prêts aux petites entreprises ou aux entreprises ayant un ancrage territorial fort.