L’éducation physique des élèves déficients durant le second vingtième siècle (de l’après-guerre à la fin des années 1990)
Auteur / Autrice : | Yacine Tajri |
Direction : | Jean Saint-Martin, Tony Froissart |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences sociales du sport |
Date : | Soutenance le 12/11/2020 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sport et sciences sociales (Strasbourg) |
Jury : | Président / Présidente : Cécile Collinet |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Dorison | |
Rapporteur / Rapporteuse : Julien Fuchs, Christian Vivier |
Résumé
En s'achevant, la Seconde Guerre mondiale révèle le désastre humain qu'elle va laisser derrière elle (Jean-Pierre Rioux, 1980). En effet, tout est à reconstruire : le pays, les corps, les esprits. Logiquement, les années suivant l’immédiat après guerre connaissent un « temps fort de santé » (Didier Nourrisson, 2002). Dans une société où se multiplient les classifications des déficiences dans une logique opposant le normal au pathologique, la Direction Générale de l’Éducation Physique et des Sports (DGEPS) institue les « groupes d'aptitudes » qui perdureront après plusieurs décennies. Les élèves, après un relevé minutieux de certaines mensurations corporelles et de leurs performances physiques, sont ainsi classés dans un groupe où leur sera dispensée une éducation corporelle jugée adéquate à leurs besoins. Mon objet d'étude a pour but de mettre en lumière comment, dans les conceptions et les pratiques, les publics scolaires considérés comme « vulnérables » corporellement vont être pris en charge par l’Ecole et plus particulièrement comment les acteurs de l'éducation physique (EP) vont se mobiliser pour proposer une offre culturelle le plus souvent inédite. Au cours de cette période, la vulnérabilité ne désigne pas un groupe uniforme. En effet, l’élève vulnérable peut être qualifié par les acteurs de l’institution scolaire de différentes manières en fonction de la période considérée : déficient, inapte, handicapé ou encore dispensé. Par là, le vocabulaire choisi nous renseigne sur la vision et les représentations de l’enfance et de l’adolescence en fonction de ce qui relève de la norme ou du hors norme. Quelles innovations les enseignants d'EPS vont-ils entreprendre pour promouvoir chez ces élèves une culture corporelle plancher depuis la Seconde Guerre mondiale ? Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, comment s'opérationnalise le contrôle des corps (Michel Foucault, 1975) des élèves fragiles et/ou en situation de handicaps ? Sur quelle(s) normalité(s) médicale(s) se fondent les acteurs de l'époque pour orienter les élèves vers une « bonne » santé (physique et psychique) en fonction de critères précis ? Dans l'école des aptitudes, le traitement différencié (ou non) des élèves ne pouvant pas suivre l’EP traditionnellement dispensée ne s’accompagne-t-il pas d’une forme de violence symbolique et/ou explicite ? Pour construire cette recherche, je vais utiliser des archives concernant l’éducation physique et la rééducation physique. Ainsi, les Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine et de Fontainebleau (quand le site rouvrira), les Archives du musée du sport (Nice) et celles du musée de l’éducation (Rouen) seront consultées. A une plus petite échelle, les Archives de la région alsacienne (départementales, hôpital de Strasbourg, etc.) me permettraient d’appréhender la question de l’EP des jeunes déficients à une échelle plus locale.