Rôle des récepteurs nicotiniques des circuits de l'addiction à la nicotine : une manipulation originale des récepteurs grâce à la lumière
Auteur / Autrice : | Sarah Mondoloni |
Direction : | Alexandre Mourot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 20/11/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neurosciences Paris-Seine (2014-2024) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Antoine Girault |
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Deroche-Gamonet, Guillaume Dugué | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphanie Caillé-Garnier, Manuel Mameli |
Mots clés
Résumé
L’accroissement mondial des maladies liées au tabac reste un problème majeur de santé publique. La nicotine, principale substance active du tabac, agit exclusivement sur les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine (nAChR). Dans le système nerveux central, il existe douze sous-unités nicotiniques (α2-10 et β2-4) qui s'assemblent en pentamères selon diverses combinaisons, ce qui génère une grande diversité de récepteurs ayant des propriétés pharmacologiques, des localisations et des fonctions différentes. Outre son rôle indéniable et très bien décrit dans le renforcement, la nicotine peut également déclencher une aversion chez les individus. Ces effets opposés pourraient reposer sur l'activation de nAChR au sein de circuits neuronaux distincts, et sont prédicteurs, lors de la première expérience d’inhalation de tabac, des risques de développer une addiction à la nicotine. Comprendre le rôle des différents isoformes de nAChR et des circuits dans lesquels ils sont exprimés a été un défi majeur dans ce domaine, et un des questionnements de ce travail. Lors de la première partie de ma thèse, nous avons mis au point des nAChR contrôlables par la lumière (LinAChR) qui fonctionnent normalement dans l'obscurité ou sous une lumière verte (500 nm) et sont rapidement inhibés sous une lumière violette (380 nm). Nous avons implémenté cette technologie in vivo, dans l’aire tegmentale ventrale, un noyaudopaminergique qui joue un rôle clé dans le renforcement et la dépendance. Le blocage des LinAChR β2 par la lumière a révélé l’impact du tonus cholinergique endogène sur l'activité spontanée des neurones dopaminergiques, et a permis d’abolir le renforcement à la nicotine chez les souris. Lors de la seconde partie de ma thèse, je me suis intéressée aux mécanismes moléculaires et cellulaires qui sont impliqués dans la régulation de la consommation de nicotine. Pour cela, j'ai mis en place une tâche qui repose sur la consommation volontaire de nicotine, et développé une méthode d'analyse qui rend compte de la variabilité comportementale des souris. J'ai ainsi observé qu’une partie des souris développe une aversion spontanée et dose-dépendante à la nicotine. J'ai pu montrer qu'un traitement chronique à la nicotine diminue l'expression fonctionnelle des nAChR β4 dans le noyau interpédonculaire, et que cette régulation à la baisse impacte à la fois l'aversion à la nicotine et sa consommation. Les travaux que j’ai menés suggèrent que la récompense et l'aversion à la nicotine impliquent à la fois des récepteurs et des circuits neuronaux distincts. Mes travaux mettent aussi l'accent sur le développement de nouvelles technologies optiques pour comprendre comment la dynamique d'activation des récepteurs conduit à des modifications d’activité dans des circuits spécifiques, et à des comportements liés à la dépendance.