Effets des changements globaux sur la dynamique temporelle de la biodiversité, des espèces aux communautés : exemple des plantes et des pollinisateurs en Europe
Auteur / Autrice : | François Duchenne |
Direction : | Elisa Thébault, Colin Fontaine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie / Écologie |
Date : | Soutenance le 25/11/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre des sciences de la conservation (Paris ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Luc Abbadie |
Examinateurs / Examinatrices : Ophélie Ronce | |
Rapporteur / Rapporteuse : Ignasi Bartomeus, Franck Jabot |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans notre monde en mutation, la compréhension du coût des changements environnementaux pour les espèces et les communautés est l'un des principaux défis de l'écologie. Cependant, comme les séries temporelles de données historiques sur la biodiversité sont rares et souvent biaisées à bien des égards lorsqu'elles existent, remonter le temps pour savoir comment les assemblages d'espèces et leurs fonctions connexes ont été affectés par les changements globaux au cours des dernières décennies reste un défi. Nous nous sommes concentrés ici sur la manière dont les assemblages d'espèces ont été affectés par les changements globaux, en utilisant la pollinisation comme modèle d'étude et en fusionnant l'analyse des ensembles de données empiriques et les approches théoriques. Tout d'abord, nous avons caractérisé les réponses de nombreuses espèces aux changements globaux au fil du temps : des changements dans l'aire de répartition géographique et la phénologie ainsi que des changements dans l'occupation, un indicateur de l'abondance et de la persistance des espèces. En étudiant la dynamique temporelle de la réponse des espèces et des facteurs de changement global au lieu d'utiliser la substitution espace-temps, nous avons pu évaluer les contributions relatives de plusieurs facteurs de changement global dans ces réponses des espèces. Nous avons souligné que l'intensification de l'agriculture et l'urbanisation étaient les principaux facteurs de changement dans l'occupation des abeilles et des plantes. Nos résultats suggèrent également que le réchauffement climatique est une nouvelle menace pour la biodiversité, qui est désormais à égalité avec l'intensification agricole et l'urbanisation. En outre, nous avons constaté que des déplacements géographiques insuffisants ont conduit à un découplage entre les conditions climatiques historiques des espèces et leur aire de répartition géographique, ce qui est coûteux pour les plantes d'Europe du Nord, fournissant ainsi des preuves originales de la prise en charge de la dette climatique. Nous avons également montré que les changements d'occupation et les changements phénologiques affectent conjointement la structure saisonnière des communautés de pollinisateurs, ce qui conduit à une saison de pollinisation plus précoce et plus courte, avec une abondance plus faible de pollinisateurs, par rapport aux communautés historiques. Nous avons ensuite étudié comment la modification de cette structure saisonnière pourrait affecter les réseaux d'interaction plante-pollinisateur en utilisant des modèles dynamiques. Cette approche théorique nous a permis de mettre en évidence l'impact positif de la structure saisonnière sur le maintien de la diversité dans les réseaux de pollinisation, en équilibrant la concurrence et la facilitation. Nous avons également mis en évidence les mécanismes qui favorisent la stabilité des réseaux face aux changements phénologiques. Nos travaux fournissent un ensemble d'approches pour tenter de démêler les relations complexes entre les moteurs des changements globaux et les changements de la biodiversité, des espèces aux communautés.