Microplastiques dans l’environnement marin : une perspective écotoxicologique
Auteur / Autrice : | Jingguang Cheng |
Direction : | Jean-François Ghiglione, Anne-Leila Meistertzheim |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'environnement |
Date : | Soutenance le 12/10/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'océanographie microbienne (Banyuls-sur-Mer, Pyrénées-Orientales ; 1997-....) |
Jury : | Président / Présidente : Hector Escriva |
Examinateurs / Examinatrices : Matthieu George, Alexandra Ter Halle | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Toffin, Wolfgang Ludwig |
Mots clés
Résumé
La pollution plastique océanique est l’une préoccupation majeure de notre siècle, avec plusieurs millions de tonnes de plastique déversées dans l'océan chaque année qui menacent la santé des écosystèmes. Les effets des plastiques ont été identifiés à tous les niveaux de la chaîne trophique, du zooplancton à la mégafaune, mais leurs effets sur la vie des microorganismes et sur leur rôle crucial dans le fonctionnement de l'écosystème océanique restent méconnus. L'objectif de cette thèse était d'étudier l'écotoxicité des plastiques en milieu marin. La première question traitée était : dans quelle mesure l'abondance, la diversité et l'activité de la vie bactérienne se développant sur le plastique, nommée «plastisphère», sont influencées par les propriétés chimiques du polymère et les changements environnementaux (chapitre 2)? Ce point a été abordé en immergeant pendant 2 mois dans l'eau de mer du Polyéthylène (PE), de l’acide polylactide (PLA) ainsi que du verre comme témoin, sous différentes formes : méso-débris (18 mm de diamètre), grands microplastiques (LMP; 3 mm de diamètre), et petits microplastiques (SMP; de 100 µm de diamètre de formes sphériques et irrégulières). Nous avons constaté que la composition chimique du plastique, les phases successives de formation du biofilm et les interactions phytoplancton-bactéries étaient des facteurs déterminants de l'abondance, de la diversité et de l'activité de la plastisphère a contrario de la taille et à la forme du matériau.La deuxième question traitée était : le microplastique (polystyrène PS; 50-100 µm; trois concentrations) ainsi que leur biofilm mature seraient-ils toxiques pour le filtre-filtreur marin Branchiostoma lanceolatum et dans quelles mesures la plastisphère peut-elle influencer cette toxicité (chapitre 3)? Nous avons utilisé un large éventail de techniques complémentaires pour suivre l'ingestion des microplastiques (quantification microscopique) à l’origine d’une potentielle modification du microbiote intestinal de l’hôte (séquençage 16S rRNA Illumina Miseq). La réponse physiologique de l’hôte a également été suivie au travers de l’expression génique du système immunitaire, du stress oxydatif et de l’apoptose (Nanostring) ainsi que par histopathologie ( La microscopie électronique à transmission). Aucune toxicité évidente n'a été observée, alors que les microplastiques pourraient être un vecteur de modification du microbiome intestinal, et qu’une plus grande différenciation des cellules a été observée au niveau des tissus intestinaux. La troisième question traitée était: Existe-t-il des alternatives aux microbilles pétrochimiques conventionnels utilisées en cosmétique biodégradables en milieu marin? (Chapitre 4). Nous avons utilisé une approche multidisciplinaire pour suivre les 4 étapes de biodégradation dont la 1/biodétérioration (granulométrie, gravimétrie et spectroscopie FTIR), 2/la biofragmentation (chromatographie d'exclusion de taille, résonance magnétique nucléaire 1H et spectrométrie de masse à haute résolution), 3/la bioassimilation et 4/la minéralisation (résonance magnétique nucléaire 1H et mesures de l'oxygène) sur différentes formes de microbilles en présence de bactéries marines. Après 60 jours d’incubation, nos résultats ont permis d’identifier des microbilles de polyhydroxybutyrate-co-hydroxyvalérate (PHBV) ou de riz et dans une moindre mesure de polycaprolactone (PCL) et d'abricot comme alternatives aux microplastiques conventionnels, en PE ou en polyméthacrylate de méthyle (PMMA) non biodégradés dans nos conditions. Fait remarquable, le PLA biosourcé n'était pas biodégradable, mais le PCL pétrochimique était biodégradable dans nos conditions marines.