Autorité politique, autorité poétique : l’interlocution au service de la liberté de parole dans les Satires de Perse et La Guerre civile de Lucain
Auteur / Autrice : | Charlotte Tournier |
Direction : | Jean-Christophe Jolivet, Bruno Bureau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études latines |
Date : | Soutenance le 14/11/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Édition, Interprétation, Traduction des Textes Anciens (Paris ; 1992-....) |
Université de cotutelle : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Bénédicte Delignon |
Examinateurs / Examinatrices : Séverine Clément-Tarantino, Matthew Leigh, Régine Utard, Jordi Pià Comella | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Bénédicte Delignon, François Ripoll |
Mots clés
Résumé
Dans la Rome impériale, la liberté de parole est encadrée, surtout lorsqu'il s'agit de se montrer critique vis-à-vis du régime, du Prince ou encore des Romains. Dans ces conditions, comment parvenir à tenir malgré tout un discours contestataire ? Cette thèse se propose de montrer comment Perse dans ses Satires et Lucain dans La Guerre civile font de l'interlocution un moyen privilégié pour créer un espace pour la liberté de parole dans le contexte politique du règne de Néron. En effet, tous deux présentent en la matière un usage marqué par un fort écart avec leurs prédécesseurs : Perse brouille l’identité des interlocuteurs du dialogue didactique de manière à remettre en question la figure d’autorité du maître, invitant son lecteur à l’autonomie ; Lucain introduit dans l’épopée, genre de la célébration, une interlocution polémique qui rappelle davantage les prises à partie de l’orateur ou du satiriste, et qui sont destinées au moins autant à son public qu’à ses personnages. La remise en cause du fonctionnement attendu des genres de la satire et de l’épopée élargit leurs possibilités d’expression et permet de tenir un double discours, de bon ton en apparence, mais aussi porteur d’irrévérence : satire et épopée évoluent vers une réflexion commune à la fois politique, philosophique et morale sur le pouvoir. Au-delà des questions de poétique, cette thèse traite donc de la question cruciale des liens entre littérature et politique à Rome : la poésie et la fiction ont-elles le pouvoir de remplacer l’éloquence politique quand celle-ci se voit réprimée ? Face à l'autorité politique, Perse et Lucain construisent à travers leur poème une autorité poétique qui lui fait concurrence.