Thèse soutenue

Un Banquet aristotélicien : la renaissance de l’aristotélisme dans les Dialogues d’Amour de Léon l’Hébreu (env. 1465-1525)

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Auteur / Autrice : Constance Malard
Direction : Marwan RashedEmmanuel Falque
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 14/12/2020
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Métaphysique : histoires, transformations, actualité (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Tristan Dagron
Examinateurs / Examinatrices : Danielle Cohen-Levinas
Rapporteurs / Rapporteuses : Tristan Dagron, Laurence Boulègue

Résumé

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Malgré le titre radical de cette étude qui porte sur les Dialogues d’Amour entre « Philon » et « Sophie », œuvre rédigée « en langue toscane » dont une série d’extraits sont ici traduits en français, nous n’avons nulle intention de nier la dette de leur auteur, « Leone medico Hebreo » (Yehuda Abravanel, env. 1465-1525), à l’égard du judéo-platonisme médiéval et du néoplatonisme florentin. Notre objectif est d’étudier ses emprunts au corpus aristotélicien et de situer cette inspiration dans une perspective polémique : Aristote serait un point d’incidence à partir duquel le médecin juif s’écarterait de l’interprétation ficinienne du Banquet de Platon. À bien y regarder, ces « disputes sur l’amour », pour reprendre le titre de leur version hébraïque, peuvent constituer un véritable « Banquet aristotélicien », c’est-à-dire une réflexion érotique d’apparence platonisante mais en réalité fondée sur certaines thèses logiques, éthiques et théoriques d’Aristote. Telle est en tout cas notre première intuition. Pour autant, il ne s’agit pas de soutenir l’idée d’une fidélité servile au Stagirite. D’abord, parce qu’il nous semble que l’intérêt de Léon l’Hébreu se trouve dans l’usage créatif qu’il fait de cette autorité. Ensuite, parce qu’une telle référence charrie des traditions interprétatives diverses, latines et arabo-juives, qui surimposent à la pensée du « Liseur » des controverses cosmologiques, noétiques et théologiques. Enfin, parce que ces débats spéculatifs, transposés sur un sol érotique, sont reformulés et résolus différemment. C’est à cette « renaissance de l’aristotélisme » que nous tentons en outre d’être sensibles. Plus spécifiquement, nous voulons montrer que les Dialogues d’Amour reprennent et rénovent le paradigme aristotélico-maïmonidien du Guide des égarés. La présente thèse se propose donc d’examiner à la fois l’impact des références aristotéliciennes dans un discours amoureux et, comme en retour, l’efficience du thème érotique dans le traitement des problèmes suscités par la lecture du « Philosophe ».