Conduire numériquement les conduites : économie comportementale, objets connectés et prévention dans l’assurance privée française
Auteur / Autrice : | Hugo Jeanningros |
Direction : | Philippe Steiner |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences sociales et philosophie de la connaissance |
Date : | Soutenance le 30/11/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe d’Études des Méthodes de l’Analyse Sociologique de la Sorbonne (Paris ; 1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Turo-Kimmo Lehtonen |
Examinateurs / Examinatrices : Ine van Hoyweghen | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sophie Dubuisson-Quellier, Razmig Keucheyan |
Mots clés
Résumé
La capacité de l’assurance à produire et distribuer les risques et les responsabilités s’appuie sur l’exploitation de multiples sources de données. La masse d’information produite à l’ère numérique peut être mobilisée pour reconfigurer les relations entre assureurs et assurés. L’assurance comportementale, basée sur la captation et la valorisation de traces laissées par les comportements quotidiens des assurés, en constitue un cas frappant et politiquement clivant, alors même que ces produits sont mal connus. Sur la base d’une enquête qualitative et du déploiement d’une sociologie économique de l’information, cette recherche met en lumière l’origine et le fonctionnement concret de l’assurance comportementale. Elle expose le contexte d’émergence de ces produits ainsi que les modalités de leur conception et de leur mise en œuvre. Si l’exercice de formes de pouvoir par l’assurance est aussi ancien que l’institution elle-même, il apparaît que les modalités de cet exercice par l’assurance comportementale sont inédites. Sur la base de théories de l’économie comportementale et de la mise en place d’un circuit informationnel appuyé par les objets connectés, les porteurs de l’assurance comportementale ambitionnent de conduire numériquement les conduites quotidiennes des assurés, et de se positionner comme chefs d’orchestre de l’alignement des intérêts individuels, entrepreneuriaux et sociétaux. L’assurance comportementale s’apparente ainsi à une tentative inachevée de mise en place d’une gouvernementalité algorithmique.