Thèse soutenue

Vers une grammaire du désir : dire l’union et la chair en grec préclassique (étymologie, lexicologie et sémantique)

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Auteur / Autrice : Johan Milan
Direction : Markus Egetmeyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études grecques
Date : Soutenance le 24/01/2020
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Gabriella Pironti
Rapporteurs / Rapporteuses : Nadine Le Meur-Weissman, Pierre Judet de La Combe

Résumé

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Comment dire le désir érotique et ses concrétisations ? Des épopées homériques aux odes de Pindare, de la cosmogonie hésiodique à l’invective moraliste et à la passion des lyriques, la présente étude passe au crible l’ensemble des textes grecs de la période archaïque pour éclairer ce phénomène linguistique. Le désir et la sexualité sont traités comme une langue à part, au sein du grec, convoquant un lexique, une syntaxe et une stylistique spécifiques. Le lexique détoure les mots de la langue commune et bâtit les concepts du désir dans une chronologie particulière, détaillant ce que le français construit souvent comme synonymes. Le désir se fait force implacable et artefact magique redoutable. La syntaxe de l’union et de la procréation – au cœur de l’élaboration des généalogies, notamment – se déploie sous de fortes contraintes. Elle oscille entre le frein de la bienséance – érotisme perçu comme inconvenant, alors qu’il joue un rôle incontournable dans la construction des personnages et la structuration de l’univers – et l’excès obscène qui le change en arme morale. Difficile à dire, l’érotisme s’énonce à demi-mot, ou mots grossis, dans un système complexe de conventions. Sa stylistique, enfin, lui donne corps : elle le dessine comme un objet palpable, proche des parures travaillées et des amulettes, lui donnant matière et éclat ; elle le met en scène, surtout dans la nature, qui reflète en profondeur ses ambivalences, entre fascination et danger. Les métaphores érotiques et sexuelles convoquent paysages, plantes et animaux pour ancrer l’homme et son désir dans le monde. La grammaire du désir est un mécanisme complexe qui joue de connivence et questionne la nature humaine.