Mort subite – Cardiopathie ischémique – Défibrillation cardiaque
Auteur / Autrice : | Rodrigue Garcia |
Direction : | Christophe Jayle, Eloi Marijon, Bruno Degand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Recherche clinique, Innovation technologique, Santé publique |
Date : | Soutenance le 29/09/2020 |
Etablissement(s) : | Poitiers |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences Biologiques et Santé (Limoges ; 2018-2022) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Ischémie reperfusion, métabolisme et inflammation stérile en transplantation (Poitiers ; 2012-....) |
faculte : Université de Poitiers. UFR de médecine et de pharmacie | |
Jury : | Président / Présidente : Claire Bouleti |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Jayle, Eloi Marijon, Bruno Degand, Serge Boveda, Nicolas Danchin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Denis Angoulvant, Jean-Baptiste Gourraud |
Résumé
La mort subite est responsable d’un million de décès par an aux États-Unis et en Europe. La principale étiologie est l’ischémie myocardique à l’origine de 80% des morts subites. D’importants efforts ont été réalisés pour lutter contre ce fléau. Cependant, la stratégie actuelle, basée sur la prédiction à long terme n’est pas efficiente. Elle repose sur l’identification des sujets à risque par l’altération de la fraction d'éjection du ventricule gauche et l’implantation d’un défibrillateur cardiaque. De plus, l’implantation d’un défibrillateur cardiaque est associée à de nombreuses complications. L’objectif de cette thèse était d’appréhender la problématique de la mort subite dans le contexte aigu de l’ischémie myocardique en phase pré-, intra- et post-hospitalière au travers de trois outils méthodologiques différents.Le premier travail a consisté en la détermination des paramètres électrocardiographiques prédicteurs de fibrillation ventriculaire au cours d’un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST pris en charge en phase pré-hospitalière. Dans cette étude cas-témoins les électrocardiogrammes avant fibrillation ventriculaire de 30 cas présentant un infarctus du myocarde aigu ont été comparés aux électrocardiogrammes de 60 témoins avec infarctus du myocarde mais sans fibrillation ventriculaire. Il s’agit de la première étude utilisant une approche numérique sans hypothèse à priori. Les algorithmes d’intelligence artificielle ont permis de définir que certains aspects concernant la partie initiale de la dépolarisation et de la repolarisation ventriculaire étaient associés à la survenue de fibrillation ventriculaire.Le deuxième travail avait pour objectif de décrire l’évolution de l’incidence, et du pronostic des fibrillations ventriculaires intra-hospitalières survenant lors des syndromes coronariens aigus au cours des 20 dernières années. Ceci a été réalisé grâce aux registres FAST-MI et a permis d’inclure 359 patients avec fibrillation ventriculaire entre 1995 et 2015. L’incidence des fibrillations ventriculaires a diminué au cours du temps passant de 3,9% en 1995 à 1,8% en 2015. La mortalité à un an des patients ayant développé une fibrillation ventriculaire a diminué de 1995 (60,7%) à 2005 (26,9%) puis s’est stabilisée (28% en 2015). Enfin, la survenue d’une fibrillation ventriculaire était associée à 4,5 fois plus de risque de décès si l’on compare avec l’absence de survenue d’arythmie, et ce rapport n’a pas diminué au cours du temps.Le dernier outil utilisé était la cohorte française des patients porteurs d’un gilet défibrillateur. L’indication du gilet défibrillateur était une altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche ≤30% au décours d’un infarctus du myocarde ou d’une revascularisation coronaire. Le gilet défibrillateur est une solution intéressante notamment en post-hospitalier, dans la période à haut risque de troubles du rythme ventriculaires. La particularité de ce registre est que les patients ont bénéficié de séances d’éducation thérapeutique sur leur maladie et l’utilisation de la veste, permettant une compliance très élevée. 950 patients ont étés inclus et suivis en moyenne 64 [38; 98] jours. La compliance journalière était excellente avec une médiane de durée de port de 23,4 [22,4-23,8] heures. L’incidence des thérapies appropriées et inappropriées était de 7,3 (IC 95% 3,6–10,9) et de 3,4 (IC 95% 0,9–5,9) chocs pour 100 patients-années respectivement. Le bouton réponse a permis la déviation du choc électrique dans 33,3% des tachycardies ventriculaires lorsqu’elles étaient bien tolérées. Enfin, le bouton réponse a permis de dévier 95,2% des chocs inappropriés. En conclusion, au travers de ces différents travaux, nous avons observé que même si l’incidence de la fibrillation ventriculaire au décours d’un infarctus du myocarde était en décroissance depuis 20 ans, elle était toujours associée à un pronostic très péjoratif. Le gilet défibrillateur apparaît comme une solution intéressante