Thèse soutenue

Dubaï : La genèse d’un modèle extrême dans le circuit des villes globales

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Auteur / Autrice : Sami Ibrahim
Direction : Alain BourdinGuillaume Boudisseau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 14/12/2020
Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec Université de Balamand (Tripoli, Liban)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Xavier Desjardins
Examinateurs / Examinatrices : Alain Bourdin, Guillaume Boudisseau, Chye Kiang Heng, Edith Fagnoni, Christine Mady, Davide Ponzini
Rapporteurs / Rapporteuses : Chye Kiang Heng, Edith Fagnoni

Résumé

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Alors que le monde continue à s’urbaniser, certaines villes deviennent les points de convergence de l’économie mondiale. Ces dernières se font désormais la concurrence pour attirer talents et investissements, jugés nécessaires à leur essor à l’échelle mondiale. Cette organisation de ces flux de capitaux financiers et humains a abouti à la constitution d’un réseau de villes globales dont leur pouvoir a dépassé leurs frontières nationales.C’est dans ce contexte concurrentiel et sous la « vision futuriste » de son souverain, que Dubaï s’est efforcée de devenir une ville de premier rang et un joueur incontournable sur la scène mondiale depuis le début du 21ème siècle loin de son image de ville pétrolière habituellement associée aux villes du Golfe. Cette vision compétitive s’est traduite par la réalisation d’une série de projets immobiliers et d’infrastructure démesurés alimentée par une relation synergique entre forces mondiales et locales dans un contexte historique et géographique assez particulier. L’élite dirigeante de Dubaï s’est investie dans une stratégie de promotion entrepreneuriale de la ville représentant sa vision économique ultra-capitaliste mais en même temps produisant un environnement urbain assez fragile et complexe au niveau de sa gestion. Ainsi, le développement urbain de la ville finit par être dépassé par son développement économique reposant sur l’immobilier, le tourisme de masse et les services, conduisant à une forte polarisation socio-spatiale entre ses différents groupes sociaux et, inévitablement, à sa fragmentation, faisant de Dubaï une série de villes dans la ville.Mais si Dubaï s’est forcée sur le réseau mondial d’échange à travers ses projets d’infrastructure, notamment son port de Jebel Ali et son aéroport international, il nous semble que l’émirat n’a pas encore maitrisé tous les éléments nécessaires pour son accès au club fermé des villes globales. En effet, Dubaï continue à attirer une main d’œuvre peu qualifiée ainsi qu’une population Arabe à la recherche d’un refuge loin de l’instabilité politico-économique de leur pays d’origine. De même pour ce qui est de son capital humain. L’émirat continue à construire son économie et sa renommée par l’importation de la connaissance et de l’expertise au lieu d’investir dans ses composantes de base, à savoir, l’enseignement supérieur et la recherche. Ainsi, cette terre de liberté pour les « starchitectes » et les professionnels du développement urbain couplée à l’abondance des ressources financières de son élite dirigeante facilitent la mise en spectacle des mégaprojets immobiliers, devenus symboles d’un semblant de résultats de politiques urbaines.Enfin, le succès apparent de ce modèle de développement urbain à Dubaï conduit par la diffusion transnationale de la connaissance et des politiques urbaines continue à inspirer d’autres villes, notamment dans le monde Arabe. Pourtant, ce modèle, aperçu comme un simple outil d’investissement, sous-tend des objectifs géopolitiques à plusieurs échelles. Il agit, principalement, comme un outil de commercialisation de l’émirat au-delà de son simple statut d’État pétrolier. Il vise également à soutenir certains régimes politiques arabes renforçant le rôle grandissant des Émirats arabes unis dans la politique des puissances au Moyen-Orient. Enfin, il sert d’outil de puissance douce facilitant l’acceptation de son élite dirigeante comme avant-gardiste de la connaissance à l’échelle mondiale