Travailler avec le tiers secteur : études de cas des politiques d'ouverture à la société dans les instituts d'expertise et de leurs effets en France de 1990 à 2020
Auteur / Autrice : | Lucile Ottolini |
Direction : | Pierre-Benoît Joly |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 11/09/2020 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés - Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés |
Jury : | Président / Présidente : Yannick Barthe |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Benoît Joly, Céline Granjou, Emmanuel Henry, Brice Laurent, Pierre Delvenne | |
Rapporteur / Rapporteuse : Céline Granjou, Emmanuel Henry |
Mots clés
Résumé
La décision publique en matière de risques sanitaires et environnementaux a connu ces dernières années nombre de crises et controverses qui ont mis en lumière un décalage important de la perception des risques par les experts et par la société. Pour tenter de réduire cet écart et restaurer la crédibilité des connaissances sur laquelle se fonde la légitimité des décisions, plusieurs organismes publics d’expertise ont mis en place des politiques d’ouverture à la société. Si cette ouverture s’est amplifiée depuis une dizaine d’années, elle s’inscrit dans un mouvement plus ancien invitant au déconfinement de la science. En effet les recherches en sciences sociales, notamment dans le domaine des études des sciences et des techniques (STS), ont montré que la co-définition des problèmes et des solutions avec les parties prenantes permet de produire des connaissances plus légitimes, plus adaptables en contexte d’incertitude et plus appropriables par la société. Historiquement, les collaborations des établissements scientifiques se sont surtout faites au profit des grandes entreprises et des décideurs publics, marginalisant de nombreux acteurs, notamment associations, organisations syndicales, organisations de l’ESS, collectivités locales et territoriales. Cette thèse problématise les catégories d’acteurs et d’organisations auxquelles l’expertise scientifique s’ouvre en proposant de mettre à l’épreuve la notion de « tiers secteur de l’expertise » comme une notion aux périmètres redéfinis par les établissements, les problèmes socio-techniques et les mobilisations sociales. Cette thèse s’intéresse aux transformations que cette ouverture au tiers secteur produit sur le travail de recherche des agences et des instituts d’expertise spécialisés dans l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux. Plus précisément, elle porte sur la transformation du sens que les experts et leurs dirigeants donnent à leur métier et à la gestion des risques. Elle aborde le sens de « s’ouvrir à la société » en combinant une approche de sociologie des organisations et une approche de sociologie des sciences et des techniques qui rend justice à l’importance des propriétés socio-techniques des problèmes traités par ces établissements. Elle propose de considérer que les collaborations de l’expertise avec le tiers secteur sont un objet frontière, théâtre d’intermédiations sociales, épistémiques et institutionnelles qui cristallisent les transformations de la gestion des risques sanitaires et environnementaux en France aujourd’hui. Cette approche permet de dégager les résultats suivants. L’ouverture ne transforme pas le travail expérimental des experts ni les standards d’évaluation qu’ils utilisent. En revanche les collaborations avec le tiers secteur agissent sur les thématiques de recherche à venir (davantage orientées sur des risques jusqu’alors invisibilisés comme l’interdépendance des différentes catégories de risques), la manière de communiquer ces risques (en tenant beaucoup plus compte de l’opinion publique et des préoccupations des organisations du tiers secteur et des enjeux politiques de cette diversité (en faisant plus de réunions avec les organisations du tiers secteur et en mettant davantage des experts techniques en situation d’interface que des cadres dirigeants des établissements) et le pouvoir des organisations du tiers secteur dans les établissements (en ouvrant des instances de délibération pluralistes et en systématisant leur représentation dans les autres instances de gouvernance des établissements)