Le rôle de l'espace dans la construction des savoirs naturalistes locaux : le cas des éleveurs de brebis des Pyrénées Occidentales (France-Espagne)
Auteur / Autrice : | Coralie Artano Garmendia |
Direction : | Yves Poinsot, Marion Charbonneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance le 30/06/2020 |
Etablissement(s) : | Pau en cotutelle avec Universidad del País Vasco |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Marion Charbonneau |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La Convention sur la Diversité Biologique reconnait le rôle joué par les agriculteurs traditionnels du Sud dans la conservation de la biodiversité et incite à une meilleure prise en compte de leurs savoirs locaux. Pourtant, dans les zones HNV, le rôle que joue l'élevage dans le façonnement de milieux et de paysages riches en biodiversité demeure mal reconnu par les structures para-agricoles et environnementales, provoquant des tensions liées aux réglementations émergeantes. Dans les Pyrénées occidentales (France-Espagne), les aides de la PAC imposent ainsi aux éleveurs des pratiques dont la légitimité et l'efficacité sont contestables à leurs yeux. Pour faciliter l'échange entre les experts concevant ces mesures, détenteurs de savoirs savants, et les éleveurs, détenteurs de savoirs naturalistes locaux, cette thèse cherche à mettre en lumière la nature et les conditions de leur élaboration. Elle fait l'hypothèse que les pratiques spatiales de chaque exploitant, à l'articulation de l'organisation géographique de son espace productif et de son mode "d'habiter l'espace", jouent un rôle déterminant dans les observations qu'il réalise. Elle considère aussi qu'au-delà du processus individuel d'acquisition des savoirs, les échanges intervenant entre les voisins proches, sur les phénomènes observés ou sur les mesures permettant le contrôle d'espèces à problème, enrichissent et solidifient le contenu de ces savoirs. L'étude s'appuie sur une phase d'observation participante de plusieurs mois auprès de 6 éleveurs, puis sur une enquête approfondie réalisée auprès de 38 éleveurs du piémont et de la montagne basque et béarnaise ainsi que des collines de Guipúzcoa. Elle fait apparaitre un fond de savoirs communs à tous, concernant pour l'essentiel des espèces végétales à problème. Mais des disparités importantes sont mises en lumière en fonction du contexte écologique de l'exploitation, de la nature des relations entretenues avec le voisinage, des pratiques personnelles de l'éleveur (chasseur, transhumant) et de sa représentation du rôle qu'il doit jouer à l'égard du milieu.