Thèse soutenue

« Éduquer c’est faire du politique et vice versa » : Les Casas de pensamiento indígena à Bogota, une question politique et poly-éthique

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Auteur / Autrice : Carmen Maria Sanchez Caro
Direction : Pascale Garnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 24/11/2020
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interuniversitaire Expérience, ressources culturelles, éducation (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Jury : Président / Présidente : Gilles Brougère
Examinateurs / Examinatrices : Irène Bellier, Gilles Monceau, Maria Cristina Torrado
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie Salaün, Michel Vandenbroeck

Résumé

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Cette thèse aborde la question de l’éducation préscolaire dans le cadre des modalités d’accueil dites indígenas à Bogota, Colombie. À partir d’une approche pluridisciplinaire en sciences de l’éducation, ce travail de thèse vise à explorer comment les casas de pensamiento indígena (CPI) proposent une éducation aux jeunes enfants, à partir de l’ethnie comme critère de classification. Il s’agit d’abord de s’interroger sur la pertinence de la catégorie indígena comme critère de distinction en matière d’accueil et d’éducation des jeunes enfants. En quoi consiste cette modalité d’accueil ? Comment les CPI se situent-ils dans l’offre d’accueil et éducation des jeunes enfants à Bogota ? Quelles sont leurs particularités ? Est-il possible de parler d’une approche pédagogique propre aux communautés indígenas ? Ces questions de recherche renvoient à ce mode d’accueil prise globalement, mais aussi aux pratiques et aux discours des acteurs concernés au quotidien. Ainsi, je m’intéresse en particulier à la manière dont les CPI s’institutionnalisent et justifient leur place au sein d’un champ d’offre très divers, soit par une mise en scène d’un indigénisme performé, soit par la constante négociation et un apprivoisement des normes du domaine préscolaire, soit par la mise en valeur d’une pédagogie propre. Je montre la complexité de la catégorie indígena dans le quotidien des CPI à travers l’analyse de ces trois discours de l’indigénisme, où en même temps que les indígenas sont discriminés, ils ont la possibilité de construire d’autres manières d’éduquer en diversité. Cette thèse se concentre sur trois terrains spécifiques pour l’accueil des jeunes enfants indígenas à Bogota. Une méthodologie construite par une multiméthode (observations vidéo, entretiens, visites guidées et charlas) s’efforce de saisir les expériences de trois CPI à Bogota, en croisant les regards des parents, des professionnelles et des leaders communautaires, avec des observations ciblées au sein de trois établissements. Nos analyses nous amènent finalement à remettre en question l’idée d’un classement de l’accueil des jeunes enfants par catégories ethniques, étant donnée la complexité des enfants indígenas urbains, présentés dans la première partie de la thèse. Elles nous invitent à prendre en compte une approche des épistémologies des Suds pour penser les pratiques et l’éducation à la diversité en milieu préscolaire à Bogota. Dans la perspective du pluriverso d’Escobar, nous pouvons comprendre la proposition pédagogique des CPI comme une poly-éthique : une proposition d’un vivre ensemble avec les différences, tout en reconnaissant la diversité des pratiques à la base de l’éducation des jeunes enfants