Le ''djihad de la vache'' : pastoralisme et formation de l'État au Mali
Auteur / Autrice : | Giovanni Zanoletti |
Direction : | Béatrice Hibou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 16/11/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Roy |
Examinateurs / Examinatrices : Béatrice Hibou, Olivier Roy, Jacobo Grajales Lopez, Louisa N. Lombard, Marielle Debos, Charles Grémont, Mahaman Sanoussi Tidjani Alou | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacobo Grajales Lopez, Louisa N. Lombard |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Pourquoi choisir la « vache » pour guider l’analyse de la formation de l’État au Mali ? L’angle du pastoralisme permet d’analyser la formation de l’État à partir de l’articulation de deux registres, celui de la sécurité ontologique et celui de l’économie du développement, et des deux temporalités qui leur correspondent : la temporalité de l’adaptation - où priment les institutions historiques fondées sur l’itinérance et sur les liens entre terroirs et individus - et la temporalité d’un mode de vie « bureaucratique », où priment l’anticipation et la prévisibilité du futur. Par exemple, en fonction des situations, la vache peut constituer une réserve de valeur économique, un outil de gouvernement, et parfois même les deux à la fois. Le sens que la société malienne confère aujourd’hui aux différents modes d’existence semble donc être façonné de concert par ces deux registres. Le « djihad de la vache » l’illustre de manière exemplaire : face aux bouleversements entraînés par la construction de l’État-nation, les relations de production dans le milieu pastoral deviennent prévisibles grâce à la systématisation du « confiage » - institution historique qui consiste à confier des troupeaux à des bergers selon des logiques complexes et instables d’alliances entre terroirs. Cette systématisation se réalise grâce à une bureaucratie, qui n’est pas étatique mais qui est incarnée par la « conduite de vie » djihadiste. À travers l’analyse de la « vache », cette thèse suggère donc que le « djihad » ne s’oppose pas à l’État mais qu’il est au contraire une modalité de sa formation, fut-elle « distordue » : il répond en effet aux demandes de sécurité « ontologique » des gens, mais il le fait essentiellement en faisant coïncider « prévisibilisation » des modes d’existence et salut de l’âme.