De la pesanteur à la grâce : les ''clowneries métaphysiques'' dans le théâtre de Samuel Beckett.
Auteur / Autrice : | Marjorie Colin |
Direction : | Jeanyves Guérin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance le 27/11/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Macé-Barbier |
Examinateurs / Examinatrices : Jeanyves Guérin, Nathalie Macé-Barbier, Marie-Claude Hubert, Carle Bonafous-Murat | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Macé-Barbier, Marie-Claude Hubert |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le syntagme « clown métaphysique » est devenu une expression figée de la critique dramatique pour évoquer les personnages des premières pièces de Beckett. Si clown il y a, il s’agit tout d’abord d’un clown triste. La marginalité des personnages, leurs allures de misérables et leur décrépitude physique évoquent en premier lieu des clowns tragiques, marqués par le sceau du recommencement et de l’enfermement, voués au silence du verbe, à l’inaction du corps. Néanmoins, par l’entremise du jeu, le personnage opère une conversion du tragique en comique. L’héritage de la farce, le motif du duo, l’attirail comme prétexte à jouer et la rhétorique clownesque révèlent les délires jubilatoires qui fondent l’esthétique comique du théâtre beckettien. Difficile de ne pas suspecter l’auteur de brosser son portrait d’artiste en saltimbanque. La clownerie généralisée – de l’obscurité à la lumière, du sérieux au dérisoire, de la pesanteur à la grâce – atteste le refus d’un théâtre fermé sur lui-même. Le clown beckettien est un clown total : tantôt auguste, tantôt Blanc, tout à la fois grivois et poétique, bavard ou muet. Par-là, le dramaturge livre une mystique du pitre qui prend parfois la relève d’un dieu sinon absent, du moins moqueur. Peut-être est-ce là le pari de Beckett : par la voix et le corps clownesques, donner à saisir son théâtre, qui ne peut plus être celui d’un intellectuel qui n’aurait écrit que pour les intellectuels, d’un théâtre dont les intentions populaires ont été étouffées par la surenchère des exégèses. Le clown habite l’œuvre beckettienne pour en souligner la profonde universalité et faire de son théâtre, comme le souhaitait Marcel Maréchal, un théâtre pour tous.