L'écriture spéculaire : analyse du scepticisme et de ses formes visuelles dans trois récits d'Arthur Schnitzler
Auteur / Autrice : | Emmanuel Basset |
Direction : | Jürgen Ritte, Jacques Lajarrige |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance le 18/09/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes Anglophone, Germanophone, Iranien, Indien et Etudes Européennes (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherches sur l'espace germanophone |
Jury : | Président / Présidente : Florence Baillet |
Examinateurs / Examinatrices : Jürgen Ritte, Jacques Lajarrige, Florence Baillet, Éric Leroy du Cardonnoy, Michael Scheffel, Karine Winkelvoss | |
Rapporteur / Rapporteuse : Éric Leroy du Cardonnoy, Michael Scheffel |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail de thèse contribue à la définition de l’épistémologie narrative (le type de connaissances et de pensées spécifiques qu’un récit produit). Pour éclairer un aspect jusque-là peu développé par la critique, nous proposons une comparaison avec l’épistémologie visuelle (les opérations intellectuelles impliquées par le fait de voir quelque chose, entre reconnaissance, imagination, contemplation, illusion, etc.). Cette comparaison fait apparaitre que, dans les deux cas, pensée et signification ne se superposent pas directement. Au contraire, la pensée narrative comme la pensée visuelle jouent de discours incomplets, du refus de toute autorité interprétative, d’une ambivalence fondamentale. Le « montrer » (et avec lui le visuel en général) apparait comme une modalité essentielle du « raconter » qui active le potentiel sceptique du récit. Nous illustrons cette idée en étudiant dans trois récits d’Arthur Schnitzler (Traumnovelle, Fräulein Else, Casanovas Heimfahrt) les formes d’apparition et les fonctions du visuel. Celui-ci joue un rôle du point de vue stylistique (de quelle façon les images sont-elles représentées dans le récit, et que montrent-elles ?) ; mais aussi structurel (les images jouent-elles un rôle dans l’économie générale du récit ?), et intellectuel (les images participent-elles d’une certaine vision du monde exprimée par le récit ?). Paradigme essentiel de ces récits, le visuel en porte la vocation profondément sceptique, les images créant un triple effet de doute : vis-à-vis des significations fixes ; vis-à-vis du réel comme cadre d’expérience ; et vis-à-vis du langage et de sa capacité à traduire l’intensité de certaines expériences.