Stratégies de persuasion dans le théâtre prémoderne (XIVe–XVIe siècle). Une analyse sémiotique de jeux religieux germanophones et francophones
Auteur / Autrice : | Carlotta Lea Posth |
Direction : | Gabriella Parussa, Klaus Ridder |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 07/02/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 3 en cotutelle avec Eberhard-Karls-Universität (Tübingen, Allemagne) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du langage (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CLESTHIA (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Macé |
Examinateurs / Examinatrices : Gabriella Parussa, Klaus Ridder, Stéphane Macé, Darwin Smith, Georg Braungart, Sebastian Thies | |
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Macé, Darwin Smith |
Mots clés
Résumé
Le théâtre religieux, devenu un média de masse dans les villes européennes entre le XIVe et le XVIe siècle, est depuis toujours un défi pour la recherche comparatiste. Malgré les nombreuses similitudes qui existent entre les jeux de différentes zones linguistiques, aucun lien génétique entre eux n’a pu être prouvé. La présente thèse se propose d’ouvrir de nouvelles perspectives à la recherche comparatiste en changeant d’approche méthodologique. Afin de dégager les stratégies de persuasion du théâtre religieux, elle identifie son répertoire sémiotique, consistant en signes linguistiques, iconiques, sonores (musique et bruits) et gestuels. Bien que les représentations historiques soient essentiellement inaccessibles à l’analyse, la « représentation imaginée », inscrite comme potentialité dans les signes transmis par les manuscrits, peut être reconstruite. À l’aide de méthodes provenant majoritairement de la linguistique textuelle, cette étude décrit certaines stratégies de persuasion dans une sélection représentative de Passions et de jeux eschatologiques germanophones et francophones. Elle identifie des lieux argumentatifs (topoï) qui structurent les pièces. Un chapitre est consacré au topos qui inscrit dans une certaine matière un scénario menaçant qui souligne l’importance et l’urgence de la représentation. La comparaison diachronique montre comment des stratégies de diffamation, employées aux XIVe et XVe siècles pour caractériser et diaboliser le collectif des juifs, sont appliquées aux protestants au XVIe siècle. L’évocation d’autorités permettant aux jeux de s’auto-légitimer est abordée dans un autre chapitre. L’analyse des différentes techniques d’évocation permet non seulement de décrire l’usage rhétorique et performatif des autorités, mais aussi de mettre en évidence différents concepts d’autorité. Enfin, une dernière partie montre comment le théâtre construit et perpétue des stéréotypes qui interpellent le public de façon tant rationnelle qu’émotionnelle, entraînant des processus d’inclusion et d’exclusion.