Thèse soutenue

Voir et faire voir le secret de l'État : fonctions et enjeux de la fiction d’espionnage contemporaine

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Auteur / Autrice : Pauline Blistène
Direction : Sandra Laugier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 31/01/2020
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (Paris ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Larrère
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Laugier, Stathis N. Kalyvas, Frédéric Ramel, Sabine Chalvon-Demersay, Emmanuel Picavet, Olivier Chopin
Rapporteurs / Rapporteuses : Juliet Floyd, Hélène L'Heuillet

Résumé

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Quelle est la valeur politique, morale et philosophique des fictions dites « d’espionnage » ? Nous examinons cette question à partir d’une méthodologie innovante mêlant analyse de séries télévisées contemporaines (Homeland, Le Bureau des Légendes) et enquêtes de terrain auprès des acteurs du renseignement (CIA, DGSE) et du divertissement (showrunners, scénaristes). La thèse que nous défendons est celle d’une modification du statut ontologique et épistémique des films ou séries d’espionnage en raison de l’engagement de véritables espions dans leur fabrication. L’importance politique et philosophique des fictions d’espionnage se manifeste par l’impact de ces fictions sur la réalité politique et sociale : le « réalisme » des fictions d’espionnage que nous définissons ici s’éloigne des conceptions communes de ressemblance avec le réel pour y substituer une approche qui met l’agentivité au cœur de l’analyse. Il ne s’agit pas de décréter l’effacement de la frontière entre fait et fiction mais au contraire d’en réaffirmer l’importance, comme hypothèse de production et de réception des œuvres. Dans un contexte où la demande d’information concernant les activités clandestines de l’État ne cesse de croître, les interactions entre professionnels du renseignement et du divertissement permettent aux premiers de mettre en scène leur propre dévoilement sans pour autant révéler leurs activités réelles. Ainsi, loin de concourir à l’abolition de la frontière du secret, de telles pratiques opèrent un déplacement de cette dernière : une reconduite du régime du secret sous l’apparence d’une mise en transparence. Le secret de l’État n’est jamais dévoilé, il est toujours signifié.