La claritas scripturae dans les espaces confessionnels de l'Europe moderne ( XVIe - XVIIe siècles)
Auteur / Autrice : | Arthur Huiban |
Direction : | Philippe Büttgen, Maria-Cristina Pitassi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 10/10/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 1 en cotutelle avec Université de Genève |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (Paris ; 2015-....) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Philippe Büttgen, Maria-Cristina Pitassi, Ueli Zahnd, Denis Kambouchner, Pierre-François Moreau, Christoph Strohm |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'affirmation de la claritas Scripturae constitue un dogme fondamental du protestantisme, commun, au moins dans son principe essentiel, aux deux confessions luthérienne et réformée, et très largement partagé par la plupart des tendances protestantes marginales ou dissidentes. Attachée au mobile général de la sola Scriptura selon des liens d'implications doctrinales dont nous tâchons ici de préciser la nature, cette proclamation protestante de la clarté de la Bible a favorisé ou accompagné, à l'époque moderne et dans un contexte de controverses religieuses, le développement d'argumentations et de constructions théoriques nouvelles, dans des domaines du savoir aussi divers que la théologie, les arts du discours, la théorie de la connaissance ou la science juridique. Nous nous efforçons ici de retracer l'histoire de l'élaboration et des évolutions de ce dogme dans la diversité des espaces confessionnels de l’Europe moderne, à partir de l'étude du jeu des conjonctures intellectuelles et contextuelles qui en ont motivé l'affirmation ou transformer le sens. À cette occasion, nous tentons de nous rendre particulièrement attentifs à l'hétérogénéité des figures et des motivations qui ont porté cette construction lente, aussi bien qu'à l'éclatement des genres discursifs au sein desquels celle-ci a pu trouver un cadre d'expression privilégié (écrits de controverses, écrits apologétiques, confessions de foi, sommes théologiques, manuels et catéchismes, traités philosophiques...) Suivant le fil de cette évolution, depuis les premières expressions luthériennes du principe de la claritas scripturae dans les années 1520 jusqu'au crépuscule des « orthodoxies » protestantes au début du XVIIIe siècle, nous nous confrontons, sous une perspective originale, à certains des plus grands débats – et peut-être des plus grands mythes – de l’historiographie protestante, du point de vue d’une histoire des idées déployée tant dans ses ramifications philosophiques (l’invention de l’herméneutique et de l’exégèse critique, l’invention de la subjectivité moderne), que dans ses aspects théologiques (la continuité doctrinale de la première Réforme et de l‘orthodoxie, l’émergence du rationalisme et de la théologie naturelle) ou politiques (l’invention de la liberté de conscience, le problème de la confessionnalisation).