Casterman (1919-1999) : une entreprise du livre, entre Belgique et France
Auteur / Autrice : | Florian Moine |
Direction : | Pascal Ory |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 12/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2000-....) |
Jury : | Président / Présidente : Béatrice Touchelay |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Ory, Pascale Gœtschel, Sylvain Lesage | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Gauthier, Pascal Durand |
Mots clés
Résumé
Cette monographie de la maison d’édition et d’imprimerie Casterman retrace les mutations d’une entreprise du livre depuis les lendemains de la Grande Guerre jusqu’aux processus de globalisation et de concentration éditoriale qui caractérisent l’édition francophone à la fin du XXe siècle. Casterman est généralement associée à la publication des Aventures de Tintin d’Hergé, dont le succès commercial et la postérité critique écrasent en première analyse l’histoire de l’une des plus anciennes et des plus importantes entreprises du livre de Belgique francophone. Or la richesse des archives de Casterman, conservées aux archives de l’État belge à Tournai, autorise une approche globalisante de l’entreprise et de sa production éditoriale. Notre travail dresse le portrait d’une dynastie patronale du livre à la longévité remarquable et éclaire les transformations de la structure et de l’appareil productif de l’entreprise ainsi que son ancrage territorial à Tournai, à proximité de la frontière française. Parallèlement, notre thèse met au jour les inflexions du catalogue éditorial, depuis l’édition de livres de piété dans l’entre-deux-guerres jusqu’à la spécialisation dans la bande dessinée. L’arrivée en 1919 des frères Louis et Gérard Casterman, représentants de la cinquième génération d’entrepreneurs de la firme familiale centenaire, correspond à un nouveau cycle de croissance pour l’entreprise. L’obtention en 1925 du contrat d’impression des annuaires téléphoniques belges offre une nouvelle dynamique à l’imprimerie quand la maison d’édition investit le marché de l’édition enfantine en publiant notamment les albums d’Hergé. Le succès colossal des Aventures de Tintin après la mise en couleurs des albums initiée en 1942 change le centre de gravité du catalogue. Porté par le succès d’Hergé, Casterman devient l’un des principaux éditeurs francophones de l’enfance durant les Trente Glorieuses tout en conservant une importante production confessionnelle centrée autour de livres d’éducation morale et de La Revue nouvelle. À cette époque, l’entreprise fonde sa croissance sur le développement parallèle et complémentaire de sa structure éditoriale des deux côtés de la frontière et de son imprimerie à Tournai. Confrontée à l’effondrement de l’édition confessionnelle et à la nécessité de renouveler sa production, la maison d’édition réalise en 1978 un virage singulier en direction d’une bande dessinée non-conformiste destinée aux adultes avec la publication du mensuel (À Suivre). Les transformations de l’économie du livre à l’heure du capitalisme financier, les mutations technologiques rapides de l’imprimerie sous l’effet de l’informatisation et la dilution de l’actionnariat fragilisent dans le dernier tiers du XXe siècle affaiblissent le modèle de l’éditeur-imprimeur familial de Casterman jusqu’à la vente de la maison d’édition au groupe français Flammarion en 1999.