La mode à l'épreuve de l'art : une historiographie des discours sur la mode en France : 1800-1930
Auteur / Autrice : | Émilie Hammen |
Direction : | Pascal Rousseau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance le 01/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire de l'art (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Histoire culturelle et sociale de l'art (Paris ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Sénéchal |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Rousseau, Denis Bruna, Miren Arzalluz, Valerie Steele | |
Rapporteur / Rapporteuse : Laurence Bertrand-Dorléac |
Mots clés
Résumé
Cette thèse vise à renouveler les sources de l’histoire de la mode en considérant, par-delà les objets et les images qu’on lui associe traditionnellement, les discours qui la définissent. En observant sur la longue durée, depuis le début du XIXe siècle jusqu’à la période de l’entre-deux-guerres, les différents champs discursifs qu’elle traverse, il s’agit de replacer la mode dans une histoire des idées dont les acteurs comme les cadres épistémologiques varient. Les grandes inflexions qui s’en dégagent, si elles coïncident de manière fortuite avec la variation des silhouettes, attestent davantage de changements d’énonciateurs – elles mettent en lumière qui parle et ce qu’on dit de la mode à une période donnée. Trois grands moments se succèdent ainsi : un premier, largement déterminé par le contexte postrévolutionnaire, la consacre sous la plume des littérateurs, comme un outil d’analyse du corps social. Au gré des manuels de savoir vivre et des physiologies, la mode se conçoit comme une manière de se comporter, entre imitation et distinction, dont les diktats surpassent l’instabilité des régimes politiques de ce premier XIXe siècle. Un tournant se dessine ensuite alors que la France, nation d’inventeurs, précise sa compétitivité industrielle : l’« article de Paris » signe la marchandisation de l’idée de mode qui s’incarne désormais matériellement dans un produit de consommation. Enfin, si la question de la nouveauté se conçoit au milieu du siècle à travers les brevets, médailles et littérature technique qui la cautionnent, le rapport au temps présent que la mode incarne si singulièrement la dote d’une qualité certaine pour qui veut dépeindre la vie moderne. C’est ce processus d’artification entamé dès la seconde moitié du XIXe siècle, et parachevé par son dialogue avec les avant-gardes au début du XXe siècle dont nous avons souhaité reconstituer les différentes étapes. Depuis sa progressive assimilation aux Beaux-Arts, que la haute couture cultive à l’envi, jusqu’à son langage qui pénètre les œuvres et stratégies des artistes, marchands et critiques, la mode devient objet de création.