Une immigration déqualifiée : diplômé.e.s d’études longues à la périphérie des professions supérieures françaises et allemandes
Auteur / Autrice : | Pauline Vallot |
Direction : | Anne-Catherine Wagner, Silke Hans |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 09/09/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 1 en cotutelle avec Georg-August-Universität (Göttingen, Allemagne) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Cris Beauchemin |
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Catherine Wagner, Silke Hans, Ioana Cîrstocea | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Camille Peugny, Catherine Marry |
Mots clés
Résumé
Cette thèse de sociologie vise à renouveler l’analyse des migrations contemporaines et des hiérarchies internationales qui les sous-tendent à travers le cas des migrant.es diplômé.es du supérieur. Elle s’arrête plus précisément sur les personnes ayant immigré en France ou en Allemagne à l’âge adulte et qui résident dans ces pays à la fin des années 2000. En expansion rapide, cette population est exposée à des mécanismes d’exclusion juridiques et symboliques qui peuvent contrebalancer les avantages liés aux ressources scolaires élevées et aux compétences internationales. Partant de cette ambivalence, la recherche s’appuie sur un dispositif empirique qui combine des enquêtes statistiques (Enquête Emploi, Trajectoires et Origines et Mikrozensus) et des entretiens ethnographiques auprès d’immigré.es médecins et ingénieur .es. Dans la première partie, la notion de « choix » dans l’orientation migratoire est déconstruite. Nous analysons d’abord comment les discours experts et politiques ont contribué à diffuser le schéma théorique d’un marché global de « talents » qui s’orienteraient en fonction de « l’attractivité » des pays. Nous dégageons ensuite deux espaces de circulation majeurs et largement cloisonnés : de l’Afrique vers la France d’une part, de l’Europe orientale vers l’Allemagne d’autre part. L’influence linguistique et éducative de la France sur des pays autrefois colonisés est à la base du premier système, tandis que les échanges économiques anciens entre l’Allemagne et les pays de l’Est, récemment facilités par l’Union européenne, servent de fondement au second. Dans la deuxième partie, on s’intéresse à l’emploi dans le pays d’arrivée. Du fait d’obstacles dans l’accès aux professions supérieures, la situation des immigré.es relève souvent d’une incohérence statutaire au regard de la stratification sociale des autres diplômé.es du supérieur. En outre, elles.ils font souvent l’expérience d’un déclassement professionnel consécutif à la migration. Le phénomène de déqualification varie selon la nationalité, le pays de formation, la langue et la « race ». Il se décline différemment en France et en Allemagne et contribue à recomposer les rapports de genre. Ainsi, l’opposition entre pays centraux et périphériques est objectivée et spécifiée grâce à l’analyse de deux systèmes migratoires contemporains aux logiques contrastées.