Une théorie matérialiste de la pratique : Épicure, Lettres, Maximes et Sentences, et Livre XXV du traité De la nature
Auteur / Autrice : | Claude Gontran |
Direction : | Annie Hourcade |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie, épistemologie |
Date : | Soutenance le 07/12/2020 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Équipe de recherche interdisciplinaire sur les aires culturelles (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2004-....) |
Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Arnaud Macé |
Examinateurs / Examinatrices : Annie Hourcade, Mauro Tulli, Giuliana Leone, Daniel Delattre, Michele Corradi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mauro Tulli |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse étudie Épicure indépendamment des épicuriens, pour souligner (partie I) que le philosophe ne prétendait pas proposer une théorie scientifique de la nature, mais en créer les conditions de possibilité en se fondant sur notre rapport pratique au monde : nous pensons le vivant en tant que nous-mêmes des vivants au contact de la réalité environnante par le biais du besoin. Celui-ci nous fait appréhender notre présence au monde sous la forme globale de la prolepse qui s’actualise dans des modèles successifs depuis le tout, les atomes et le vide jusqu’aux réalités causales où nous vivons. En une periodeia lisible dans la Lettre à Hérodote et le Livre XXV du traité De la nature, puis à l’échelle des trois Lettres, des Maximes et des Sentences, on passe ainsi du tropos pathologikos au tropos aitiologikos, de l’indestructibilité du tout, posée par notre rapport non-contradictoire au monde, à l’indestructibilité de la philia qui nous confère la félicité divine pour autant que nous ne perdions pas de vue notre réalité pratique. Les fragments du Livre XXV (partie II) permettent de comprendre le saut qualitatif des nécessités constitutives de notre réalité engendrée (apogegennèmenon), à une âme réagissant librement aux nécessités de notre réalité présente, en cours d’engendrement (apogennômenon) : nous nous appréhendons, dans ce discours désormais étiologique, comme causes au sein des causes, sans qu’il y ait de nécessité transcendant ces nécessités vivantes, et sans clinamen. La partie III examine pour quelles raisons (conditions historiques, polémique stoïcienne, …) ce matérialisme, fondé sur la pratique, offrant à l’oikoumenè hellénistique une authentique philia comme lien politique, a été perdu de vue par les épicuriens au profit, entre autres, de tendances dogmatiques « scientistes » (Lucrèce), voire du dévoiement philosophique de l’indestructibilité de la philia dans le cercle restreint des amis.