Thèse soutenue

Diversification du commerce, vulnérabilité et développement économique.

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Auteur / Autrice : Élodie Mania
Direction : Arsène Rieber
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences economiques
Date : Soutenance le 10/12/2020
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale économie-gestion Normandie (Caen)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'analyse des sociétés, transformations et adaptations (Rouen ; 2019-....) - Laboratoire d'Analyse des Sociétés- Transformations et Adaptations / LASTA
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Cécile Couharde, Bruno Amable, Kako Nubukpo
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Pierre Cling, Francisco Serranito

Résumé

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La littérature économique récente et les grandes instances internationales s’accordent sur les vertus d’une stratégie de développement économique basée sur la diversification. Ce consensus provient d’une part des enseignements de l’histoire des vagues successives des réussites des économies émergentes asiatiques et d’autre part des nombreuses validations économétriques de la relation entre diversification et croissance économique. Pour autant, ce consensus est relativement récent puisqu’il opposait, dans les années 50, les structuralistes aux néo-classiques. Ces derniers s’inspiraient des théories traditionnelles du commerce international qui, depuis Ricardo (1817), prônent le libre-échange et la spécialisation des économies selon leurs avantages comparatifs. A l’inverse, les pionniers du développement insistaient sur le fait que les politiques de développement se doivent d’introduire des distorsions aux mécanismes de spécialisation selon les avantages comparatifs, le processus de changements structurels étant conditionné par la diversification et la composition des exportations. Dans le cadre de notre doctorat, notre travail de recherche consiste à ré-explorer théoriquement et empiriquement la relation entre la diversification des exportations et le développement économique dans le contexte actuel de la mondialisation. Une première interférence dans le débat provient de l’intégration des pays en développement dans les chaînes de valeur mondiales où les pays ne se spécialisent plus dans la production d’un produit mais dans un segment délimité du processus de production. Les conséquences de cette déconnexion entre la structure productive d’un pays et la diversification de ses exportations sont étudiées au travers d’une extension du modèle post-keynésien de Thirlwall (1979). Cette analyse nous permet de mettre en avant l’hétérogénéité des modèles de diversification de trois régions en développement, à savoir l’Afrique subsaharienne, l’Asie en développement et l’Amérique latine. A la suite de cette analyse, nous tentons d’éclairer la boîte noire que constitue cette relation entre diversification des exportations et croissance économique en nous intéressant aux canaux de transmission de la relation. Pour ce faire, nous exploitons les propriétés d’une version élargie de la loi de Kaldor-Verdoorn en évaluant l’impact de la diversification des exportations sur le taux de croissance de la productivité et le niveau des rendements d’échelle de plusieurs groupes de pays. Dans un second temps, nous nous interrogeons sur la compatibilité d’une stratégie de diversification des exportations avec les défis environnementaux auxquels sont confrontées les nations de nos jours. Nos résultats préliminaires suggèrent qu’un niveau plus élevé des émissions de CO2 est associé à un panier d’exportation plus diversifié. Un examen plus approfondi à partir d’une analyse théorique et d’une étude empirique montre que l’effet positif de la diversification des exportations sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2) concerne particulièrement les pays à revenu plus élevé. Enfin, nous abordons la diversification des exportations sous l’angle de la diversification des partenaires commerciaux au travers d’une étude de cas sur le Vietnam. Dans un modèle de croissance contrainte par la balance des paiements multi-pays, nous analysons les performances de croissance de ce pays en mesurant la contribution de ses partenaires commerciaux à sa contrainte extérieure. Cette étude de cas soulève plus généralement, dans le contexte historique contemporain, les questions de la macro-résilience et des vertus d’un modèle de développement basé exclusivement sur le commerce international