Thèse soutenue

Interaction entre le recul de la fosse Hellénique et l’extrusion Anatolienne en Grèce Centrale : étude multi-échelle des déformations décrochantes et normales

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Auteur / Autrice : Agathe Faucher
Direction : Frédéric Gueydan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géosciences
Date : Soutenance le 04/12/2020
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Géosciences (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Carole Petit
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Gueydan, Carole Petit, Olivier Vanderhaeghe, Hélène Lyon-Caen, Fanny Garel, Christel Tiberi
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Vanderhaeghe, Hélène Lyon-Caen

Résumé

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La plaque Égéenne est un système géodynamique complexe marqué depuis le Miocène, par l’interaction entre le recul de la fosse Hellénique et le début de l’extrusion Anatolienne. Au Plio-Quaternaire, une torsion de la plaque plongeante à l’Ouest du domaine Égéen et la propagation vers l’Ouest de la Faille Nord Anatolienne, compliquent davantage le système. Les interactions entre ces phénomènes et leurs déformations présentent des zones d’ombre. Il existe notamment un large système de failles NE-SO dont le rôle et les caractéristiques sont encore peu étudiés et qui ne sont pas incluses dans la géodynamique du système Égéen. Le but de cette thèse est de comprendre le rôle de ces décrochements NE-SO dans la tectonique Égéenne depuis 15 Ma et en particulier dans la région Eubée/Attique. Une caractérisation multi-échelle de la déformation de cette région a été effectuée au travers de l’acquisition de nouvelles données de terrain, de traces de fission sur apatite, de fonctions récepteur et de modélisations numériques lithosphériques 3D de la déformation. Les nouvelles données de terrain caractérisent une cinématique décrochante dextre sur la faille NE-SO Pélagonienne. Elle contrôle, avec les failles normales NO-SE, le dépôt de bassins Miocènes, suggérant une activité concomitante des failles normales et des décrochements à cette époque. Nous proposons que la faille Pélagonienne accommode les rotations de blocs au Miocène. L’inversion des contraintes à partir des données de stries sur les failles montre une compatibilité des failles normales et décrochantes associée à une extension évoluant de N-S à NE-SO (durant la rotation des blocs) et une compression E-O. Au Plio-Quaternaire, une modification de la direction d’étirement induit la formation de nouvelles failles normales E-O se développant à l’intérieur des zones de failles NO-SE préexistantes, devenues senestres. Ces systèmes de failles forment des rifts obliques et sont associés à une extension N-S radiale incompatible avec l’activité des failles NE-SO. Nous supposons que ce changement est lié à l’évolution de la torsion de la plaque plongeante. Les âges traces de fission sur apatite montrent une différence d’âge d’exhumation entre la Grèce Centrale et les Cyclades. Nous proposons ainsi que la faille Pélagonienne accommode une extension différentielle au Miocène entre les Cyclades et la Grèce Centrale, respectivement fortement et faiblement étirées à cette époque. Des âges basse température Miocènes provenant des murs de failles normales NO-SE semblent confirmer leur activité au Miocène, concomitante de l’activité de la faille décrochante Pélagonienne. Nos nouvelles données de fonctions récepteur quantifient aussi une extension différentielle en caractérisant un Moho plus profond sous la Grèce Centrale (26,5 km) que sous les Cyclades (25 km) et les Sporades (24,3 km). Une analyse du pendage et de la perturbation du signal sismique suggère que la transition entre la Grèce Centrale et les Cyclades se produit dans une zone étroite, limitée par les failles NE-SO dextres Pélagonienne et Sud-Eubée. Entre la Grèce Centrale et les Sporades, ce saut de Moho est accommodé par une faille normale à fort pendage. L’extension différentielle est donc latéralement accommodée par ces failles crustales, mais aussi par la déformation interne des blocs qu’elles délimitent. Ces nouvelles données montrent l’importance des failles décrochantes dans la géodynamique Égéenne depuis le Miocène. Elles accommodent le raccourcissement E-O et définissent différents blocs qui tournent durant l’extension arrière-arc. Enfin, nos modèles 3D montrent qu’une extension et une compression horizontales et orthogonales à taux égaux causent la formation de décrochements dans une lithosphère continentale chaude. Ces modèles suggèrent que l’activité contemporaine de l’extension, liée au recul de la fosse Hellénique, et de la compression, reliée à l’extrusion Anatolienne, peut expliquer la formation des décrochements en Égée.