Paysages énergétiques des oiseaux marins hivernant en Atlantique Nord dans le contexte des changements climatiques
Auteur / Autrice : | Manon Clairbaux |
Direction : | David Gremillet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie fonctionnelle |
Date : | Soutenance le 04/12/2020 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : David Gremillet, Susanne Åkesson, Børge Moe, Ana Rodrigues |
Rapporteur / Rapporteuse : Susanne Åkesson, Børge Moe |
Mots clés
Résumé
Les oiseaux marins sont particulièrement vulnérables aux effets directs et indirects du changement climatique, cependant on sait peu de choses sur ces impacts en dehors de la période de reproduction. Ce manque de connaissances est problématique car les conditions rencontrées pendant la migration et l'hivernage déterminent fortement les dynamiques populationnelles des oiseaux marins. Il est donc essentiel de comprendre les effets du climat sur leurs distributions hivernales et leurs itinéraires de migration. Lier distribution des organismes et facteurs environnementaux est une tâche primordiale bénéficiant du concept de paysages énergétiques (définit comme la variation des besoins énergétiques d’un organisme dans l’espace en fonction de l’environnement) qui a récemment permis de fournir une explication mécaniste à la distribution de nombreux animaux. Dans ce contexte, nous avons déterminé les habitats hivernaux actuels et futurs de cinq espèces représentant 75% de la communauté d’oiseaux marins en Atlantique Nord (Alle alle, Fratercula arctica, Uria aalge, Uria lomvia and Rissa tridactyla). Pour cela, nous avons suivi électroniquement les mouvements de plus de 1500 individus afin d’identifier leurs habitats préférentiels par le biais de fonctions de sélection de ressources basées sur la modélisation de leurs dépenses énergétiques et de la disponibilité de leurs proies. Les données de suivi électroniques ont également été recoupées avec les emplacements des cyclones afin de cartographier les zones d’exposition pour la communauté d’oiseaux marins à l'échelle de l’Atlantique Nord. De plus, nous avons exploré les conséquences énergétiques de l'exposition des oiseaux marins aux tempêtes en utilisant un modèle bioénergétique mécaniste (Niche MapperTM). Enfin, nous avons examiné l'impact de la fonte totale de la banquise estivale à partir de 2050 sur la migration des oiseaux de l'Arctique. Nos analyses prévoient un déplacement vers le nord des zones préférentielles d'hivernage des oiseaux marins en Atlantique Nord, surtout si le réchauffement climatique mondial dépasse 2°C. Nos résultats suggèrent que les conditions cycloniques n'augmentent pas les besoins énergétiques des oiseaux marins, ce qui implique que l'indisponibilité des proies et/ou l’incapacité à se nourrir pendant les cyclones causeraient leur mort. Enfin, la fonte de la banquise au pôle nord pourrait permettre à 29 espèces d'oiseaux arctiques de bientôt effectuer de nouvelles migrations transarctiques entre l’Atlantique et le Pacifique. Nous estimons également que 26 autres espèces actuellement migratrices pourraient rester en Arctique toute l'année. Ce travail illustre comment les changements climatiques pourraient modifier radicalement la biogéographie des espèces migratrices et fournit une boîte à outils méthodologique permettant d’évaluer et de prévoir ces modifications en mariant écologie du mouvement et physiologie énergétique.