Thèse soutenue

Des permis à circuler échangeables pour une mobilité urbaine durable : Une application à la ville de Montpellier (France)

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Auteur / Autrice : Jimmy Martinez
Direction : François Mirabel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Économiques
Date : Soutenance le 07/12/2020
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Montpellier Recherche en Economie / MRE
Jury : Président / Présidente : Thierry Blayac
Examinateurs / Examinatrices : François Mirabel, Thierry Blayac, Yves Crozet, Stéphanie Souche, Mathias Reymond, Grégoire Marlot
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves Crozet, Stéphanie Souche

Résumé

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Réduire la place de la voiture dans les villes sans taxer les automobilistes. Tel est l’objectif des permis à circuler échangeables (PCE), afin de fortifier la trajectoire de soutenabilité de la mobilité urbaine. Le PCE est une unité non-monétaire allouée à l’usager pour qu’il exerce des déplacements dans un périmètre espace-temps-mode contraint par les autorités publiques. Dans ce périmètre, un objectif quantitatif collectif ne doit pas être dépassé (e.g. un nombre de véhicules-kilomètres ou des tonnes d’émissions polluantes). Le but est de diminuer l’impact d’une ou plusieurs externalités négatives causées par la mobilité des individus et des biens (e.g. la congestion, la pollution atmosphérique, les accidents de la route et le bruit).L’individu peut consommer les permis qui lui sont alloués. Il peut aussi en vendre sur un marché contrôlé par les autorités publiques. Dans ce cas, il doit adapter ses choix de déplacement en fonction du nombre de PCE qu’il lui reste. D’autres individus pourront alors acquérir ces permis sur le marché s’ils souhaitent se déplacer dans ce même périmètre.Les PCE allient restriction des déplacements collectivement nuisibles, pollution-paiement aux autres usagers contribuant à l’effort environnemental, et incitation financière à adopter des comportements de mobilité plus vertueux. Basés sur les mêmes principes que les droits à polluer, les PCE permettent de contourner les limites des péages et de la taxation des ressources. Ces instruments ont pu provoquer des révoltes citoyennes.Le premier chapitre de cette thèse fait état des différentes propositions de la littérature. Celles-ci abordent les questions d’allocation des PCE, de définition des structures essentielles et de fonctionnement du marché d’échange. Contrairement aux marchés des droits à polluer, le marché des PCE peut aboutir à des échanges mutuellement profitables étant donné le grand nombre d’agents économiques que la population représente. Nous déterminons également le rôle des nouvelles technologies dans le système des PCE et la nécessité d’un PCE immatériel. Enfin, une modélisation économique des effets des PCE sur le choix modal met en lumière l’importance de l’allocation initiale des PCE en tant que condition du report modal.Le deuxième chapitre de cette thèse fait l’objet d’une ludification des PCE. Celle-ci est issue d’une enquête-mobilité destinée aux habitants de l’aire urbaine de Montpellier. Nous montrons empiriquement que les PCE incitent à des choix de déplacement durables, dans des proportions comparables à celles des péages urbains. De plus, pour les individus voulant se déplacer au-delà de ce que leur allocation initiale de PCE leur permet de faire, le prix d’équilibre du marché des PCE est inférieur au montant de la plupart des péages urbains existants. Les déplacements des individus qui se mettent volontairement à l’écart du marché sont fortement impactés. Il en est de même pour ceux ayant une disposition à payer des PCE insuffisante. Deux analyses factorielles discriminantes nous permettent de trouver les critères individuels favorisant cette mise à l’écart volontaire ou cette exclusion du marché. Des mesures compensatoires sont proposées lorsqu’il y a iniquité.Le troisième chapitre de cette thèse est consacré à la mesure de l’acceptabilité sociale des PCE si ceux-ci venaient à voir le jour dans la ville de Montpellier. Nos résultats économétriques sont confortés par ceux de la littérature. Nous trouvons que l’acceptabilité des PCE est meilleure que celle des péages urbains. Il ressort également que l’acceptabilité des PCE est principalement influencée par les croyances des individus relatives à l’impact des PCE sur l’avenir de la mobilité urbaine. Enfin, notre conclusion propose d’éclairer le regard des autorités publiques à l’aide de trente préconisations guidant la mise en place d’un système de PCE.