Le marché foncier, une affaire de famille ? : une analyse institutionnelle des transactions de terres agricoles dans les Hautes Terres à Madagascar
Auteur / Autrice : | Hadrien Di Roberto |
Direction : | Emmanuelle Bouquet, Jean-Philippe Colin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 27/05/2020 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Marchés, organisations, institutions et stratégies d'acteurs - UMR MOISA (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Flore Gubert |
Examinateurs / Examinatrices : Perrine Burnod, André Teyssier, Mireille Razafindrakoto | |
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Guirkinger, Philip Woodhouse |
Mots clés
Résumé
Dans un contexte de compétition accrue pour l’accès aux terres agricoles en Afrique, le rôle des marchés fonciers suscite un intérêt renouvelé. Alors qu’une littérature croissante s’intéresse aux effets des marchés en termes d’efficience et d’équité, les institutions sous-jacentes à leur fonctionnement restent peu connues. À partir d’une étude dans les Hautes Terres à Madagascar, cette thèse interroge le rôle des institutions locales dans le fonctionnement des marchés fonciers d’achats/ventes, et notamment le rôle de la famille qui est traditionnellement impliquée dans la gouvernance des terres « ancestrales ». Mobilisant à la fois des données qualitatives et quantitatives de première main, cette thèse s’organise autour de trois axes d’analyse : le rôle des règles locales dans le fonctionnement concret des transactions ; les effets allocatifs des transactions en termes d’équité ; les conflits et la sécurisation des transactions. La thèse montre que les marchés ne privent pas la famille de ses prérogatives foncières. Au contraire, la famille contribue à organiser les transactions marchandes. Elle participe à la régulation du « droit de vendre ». Elle valide les ventes de terres acquises par héritage et met en œuvre des règles de priorité intrafamiliale. La thèse met également en évidence que les achats bénéficient plus fréquemment mais non uniquement aux ménages les plus aisés. Les marchés ne creusent pas les inégalités foncières et, contre toute attente, ils contribuent même à rééquilibrer la répartition des terres en faveur des ménages ayant moins hérité. Ceci peut s’expliquer à nouveau par le poids de la famille dans l’organisation des transactions marchandes. La famille contribue au maintien et au respect de règles qui ont pour effet de limiter la diffusion de l’information et qui donnent un accès privilégié aux membres de la parentèle. Enfin, les transactions marchandes peuvent représenter une source de conflits. La majorité des conflits sont intrafamiliaux ; des tiers appartenant au groupe d’héritage contestent le « droit de vendre » ou remettent en cause le fait que la transaction passée était une vente définitive. Malgré l’existence de systèmes d’enregistrement formels (titrage, certification) ou semi-formels (« petits papiers ») des terres, la famille demeure le principal garant de la légitimité d’une vente et un acteur incontournable de la sécurisation des transactions.